J’aimerais être fier du système d’éducation québécois

Stéphane Vigneault, coordonnateur, École ensemble
J’aimerais qu’au Québec, tous les élèves aient une chance égale d’apprendre. Que le diplôme, le revenu ou l’origine de leurs parents ne change rien au fait qu’ils auront droit à la même excellente école que les autres. J’aimerais que ça soit évident que la meilleure école, c’est celle du quartier !
Bien sûr, vous savez que ça ne marche pas comme ça au Québec. Non, chez nous, les écoles sont des concurrentes, des compétitrices. Elles doivent en mettre plein la vue pour attirer des « clients » payants. Payants financièrement, parce que ces cours de tennis à 14 000 $ par année, il faut bien que quelqu’un les paye. Mais payants aussi en résultats scolaires : pour influencer les parents, il faut briller dans les palmarès. Et pour briller dans les palmarès, il n’y a qu’à choisir les enfants qui performent déjà.
nous intéresse.
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La 3e vitesse
Mais alors qu’arrive-t-il des enfants qui sont rejetés par les écoles privées subventionnées et les écoles publiques sélectives ? Ils se retrouvent entre eux, au public ordinaire. C’est la troisième vitesse. Les projets particuliers, qui sont censés exister pour favoriser la persévérance scolaire, sont donc inaccessibles pour ceux qui en auraient le plus besoin... Comment être surpris que ce soit au Québec que le décrochage scolaire est le plus élevé au Canada ?
Ce « modèle » québécois a été toléré par nos élus depuis 50 ans, mais je crois qu’à force de toujours plus sélectionner, trier et tamiser les enfants, ce système a atteint son point de rupture. Que des écoles refusent des fillettes de 4 ans ou des ados de 11 ans ne change rien au problème. Il n’y a aujourd’hui plus d’acceptation sociale pour l’école à trois vitesses.
Un débat nécessaire
La campagne électorale en cours devrait être le moment privilégié pour que les partis prennent position. Comme électeur, je veux entendre les chefs expliquer ce qu’ils veulent améliorer et comment ils s’y prendront. Les promesses de rafistolage, même à coup de millions, ce n’est plus ce qu’on veut.
Je me dois de dire qu’une feuille de route pour une école équitable est maintenant disponible pour les candidats : le Plan pour un réseau scolaire commun, proposé par École ensemble. Ce plan est pragmatique, chiffré, et a été salué par plusieurs personnalités comme Réjean Parent, Lise Bissonnette, Camil Bouchard, Pauline Marois, ou encore le grand Guy Rocher qui a dit y voir le « projet le plus cohérent pour revenir à l’intention du rapport Parent et enfin régler le problème ».
C’est la fondation même de notre système d’éducation qui doit être reconstruite. Difficile d’imaginer un chantier plus mobilisateur pour notre société !
Nous serons bientôt des centaines de milliers à écouter le face-à-face des chefs le 15 septembre prochain. Et nous voulons savoir ce qu’ils feront pour régler le problème de l’école à trois vitesses au Québec. Nous aimerions être fiers de notre système d’éducation.

Stéphane Vigneault, coordonnateur, École Ensemble