«J’ai tout vu»: son meilleur ami écrasé par une voiture sous ses yeux

Laurence Morin
Une jeune femme a assisté sans le savoir aux derniers instants de son meilleur ami, décédé dans un accident de moto en 2019, alors qu’elle le suivait par «pur hasard» trois véhicules derrière lui, sur un pont qui relie Laval à Bois-des-Filion.
«Il s’est fait frapper et rouler dessus par des automobilistes. J’ai tout vu. [...] On s’est regardés dans les yeux», témoigne Élina Roy, au micro d’Isabelle Perron, à QUB radio et télé, diffusé au 99,5 FM à Montréal.
Ce jour-là, le 27 septembre 2019, son corps s'est «protégé», elle qui ne se souvient presque plus de l'incident, évoquant simplement «un trou noir». «J’ai fait un blocage. Mon cerveau s’est protégé», confie la jeune femme, qui était âgée de 23 ans, au moment de l'accident.
Ce n'est que plus tard, en recevant un message, qu'elle a réalisé que la victime était effectivement son meilleur ami, Jean-Sébastien. «Je pensais que j’étais en train de mourir», ajoute Élina Roy.
Depuis cet événement, la jeune femme vit avec un trouble de stress post-traumatique (TSPT) envahissant. Crises de panique, insomnie, flashbacks, anxiété, troubles alimentaires et tocs ont rythmé son quotidien pendant plusieurs mois suivant ce tragique accident.
«Je n’ai pas dormi pendant quatre mois, mentionne-t-elle. C’était comme si le même scénario jouait en boucle dans ma tête pendant des mois et des mois.»
La peur constante de perdre ses proches l’a habité pendant des années. «Pendant quatre ans, je craignais que tout le monde dans ma vie meure.»
Même si elle se dit bien entourée avec sa famille, ses amis et son amoureux, la peur et la solitude l’envahissaient. «Même si tu as de la visite 2 ou 3 heures dans la journée, il reste toujours 22 heures à ta journée, puis tu es toute seule avec tes démons», souligne-t-elle.
Pour reprendre le contrôle, Élina a dû s'engager dans un long processus de guérison. Elle a bénéficié d'un accompagnement incluant des consultations avec un psychologue plusieurs fois par semaine.
Elle a également eu recours à la physiothérapie et à l'acupuncture pour apaiser son système nerveux. L'hypnose, pratiquée un an et demi après l'accident, a constitué une avancée majeure dans son rétablissement.
Si elle vit encore avec les séquelles du traumatisme six ans plus tard, Élina Roy indique qu’elle se porte mieux.
«Si on m’avait dit il y a 6 ans, ʺça va être correctʺ, je ne l'aurais pas cru. Mais même si aujourd'hui ça va mieux, il y a encore des journées difficiles», conclut-elle.
Voyez l'entrevue complète dans la vidéo ci-dessus.