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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

J’ai rencontré les papes Jean-Paul II et François

Jean Rizzuto et son épouse, Suzanne, lors de leur rencontre privée avec le pape François.
Jean Rizzuto et son épouse, Suzanne, lors de leur rencontre privée avec le pape François. Photo fournie par Jean Rizzuto
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Photo portrait de Rodger Brulotte

Rodger Brulotte

2025-04-26T01:00:00Z
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Depuis le décès du pape François, l’homme d’affaires Jean Rizzuto fait les manchettes. Jean est actuellement président du conseil du Marché public 440, tandis que sa fille, Alexandra, en est la présidente-directrice.

Il est impliqué dans plusieurs organismes à but non lucratif, dont la Fondation Virage, qui soutient les personnes atteintes de cancer et leur famille. Il est gouverneur de HEC Montréal, ancien membre du conseil d’administration du Musée des beaux-arts de Montréal et, récemment, il tente de préserver le patrimoine des églises de Montréal en les utilisant pour accueillir les sans-abri et les réfugiés.

Tu es le fils d’un immigrant italien.

Je suis né en Sicile en Italie et, quand j’avais quatre ans, mon père, Alfonso, et ma mère, Carmela, ont décidé d’immigrer au Canada avec leurs sept enfants et de s’établir dans la Petite-Italie à Montréal.

Ton père travaillait aux travaux publics de la Ville de Montréal et il gagnait 25 cents de l’heure.

Il faut comprendre que nous sommes en 1955, cependant, mon père et ma mère ont fait beaucoup de sacrifices pour permettre à notre famille de neuf enfants d’avoir une bonne qualité de vie.

Parle-nous un peu de tes parents.

Mon père était l’autorité de la famille tandis que ma mère était une sainte femme. Pendant que le père travaillait sans relâche, elle s’occupait de la famille.

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Pourquoi tu te sens choyé comparé aux autres enfants ?

Durant l’été, je travaillais pour l’entreprise familiale en construction. Cependant mes sœurs et frères étaient sur le marché du travail, ils m’ont permis de terminer mes études à HEC Montréal.

Pourquoi considères-tu ton frère Pietro comme un deuxième père ?

Mon père travaillait beaucoup et ne maîtrisait pas bien le français. Par exemple, quand mes parents m’ont inscrit au collège Bourget à Rigaud, c’est mon frère qui a fait les démarches avec les dirigeants du collège.

As-tu aimé ton expérience au collège Bourget ?

Ma route vers le collège Bourget s’est amorcée à l’école Basile-Routhier et à l’époque ce n’était pas très fréquent qu’un jeune italien débute ses études dans une école française. Ensuite, je suis allé à l’école primaire Saint-Barthélemy puis à l’école Saint-Viateur, située derrière l’hôpital Jean-Talon, avant de me diriger au collège Bourget comme pensionnaire. J’ai tellement aimé mes années au collège ! Quant à mes études, j’étais un élève moyen avant de devenir un élève supérieur à HEC Montréal.

Tu as été bien accueilli par le directeur de HEC Montréal.

Je me souviens encore du mot de bienvenue du directeur : « Vous êtes actuellement près de 700 étudiants, mais lorsque vous serez diplômés, il n’en restera plus que 200 ». Je suis un fier diplômé de HEC Montréal. Plusieurs années plus tard, j’ai suivi des cours à l’Université Harvard durant trois ans avec 80 présidents d’entreprises.

Mettons les choses au clair, chaque fois que tu me parles de Pietro...

SVP, laisse-moi t’interrompre. Dans les premières années de ma vie, Pietro était comme un deuxième père pour moi, mais au fil des ans, il est devenu le premier italien nommé sénateur au Canada.

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Ton épouse Suzanne est la pierre angulaire de la famille.

Encore plus ! Imaginez-vous qu’il y a plus de 50 ans, une jeune francophone de L’Abord-à-Plouffe, qui maintenant fait partie de la Ville de Laval, fréquentait un Italien (et elle a même osé le marier). Nous avons deux magnifiques enfants, Alexandra et Antony, qui sont nos raisons de vivre.

Revenons maintenant au sujet du jour : tes rencontres avec deux papes.

La première et unique fois que j’ai rencontré le pape Jean-Paul II, je lui ai simplement serré la main. Pour le pape François, par contre, c’est tout simplement une histoire extraordinaire. Il est né le 17 décembre 1936 et le 18 mars 2013 il est devenu pape. Après ma première de quatre rencontres avec lui, je lui ai fait parvenir un cadeau à chacune de ces dates pour souligner ses anniversaires.

Qu’est-ce qu’on offre à un pape en guise de cadeau ?

Le pape François aimait la musique classique. Ce qui me touche beaucoup, c’est que j’ai en ma possession 18 lettres du pape qui me remercie d’avoir pensé à lui. Pensez-y, 18 lettres personnalisées d’un pape.

C’étaient des rencontres très spéciales ?

À chaque fois il amorçait la conversation en me demandant si mon projet qu’il tenait également à cœur, soit de sauvegarder le patrimoine des églises de Montréal en les utilisant pour accueillir les sans-abri et les réfugiés, avançait.

Vous avez célébré votre 50e anniversaire de mariage dans les jardins du Vatican ?

J’étais en Italie et le pape avait reçu un de mes cadeaux pour son anniversaire. Il a avisé son chef de cabinet qu’il désirait m’envoyer une lettre de remerciement. Son chef lui a tout simplement dit qu’il n’avait pas besoin de m’écrire, car j’étais actuellement à Rome. C’est le chef de cabinet du pape qui m’a appelé. Il m’avise avec humour d’avoir une chemise propre, une cravate et un habit bien repassé, car le pape aimerait me rencontrer à 18 h 30 dans son bureau à sa résidence.

Tu es seul avec le pape pendant 60 minutes.

Encore une fois, il a amorcé la conversion entourant mon projet d’églises. Par la suite, on a parlé de différentes choses et je profite de l’occasion de lui demander si je pouvais célébrer mon 50e anniversaire de mariage dans les jardins du Vatican. Sans hésiter, il m’a dit oui.

Vous avez vécu un moment inoubliable à la sortie de l’église.

Après la cérémonie pour souligner notre 50e anniversaire de mariage, il y a un invité qui attend les 94 membres de la famille à la sortie de l’église. C’est le pape François, qui prend le temps de nous bénir.

Huit roses blanches pour le pape François.

Les sept petits-enfants et mon épouse lui ont remis une rose blanche. « Merci, car je m’aperçois que vous connaissez que j’aime les roses blanches ». Cette amitié a duré neuf ans jusqu’à sa mort récente.

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