«J’ai le devoir et la responsabilité de vivre cette vie du mieux que je peux»: l’écrivaine Kim Thúy apprécie encore plus ce qu’elle a après avoir frôlé la mort
La célèbre autrice, qui croit avoir le gène du bonheur, est convaincue que la beauté va sauver le monde

Maxime Demers
Plonger les mains dans la terre, manger un sandwich avant d'aller au lit, apprécier la beauté du monde: des Québécois ont trouvé leur bonheur dans une panoplie de petites et grandes choses. Voici une série de témoignages pour vous inspirer.
La célèbre écrivaine Kim Thúy ressent le devoir d’être le plus heureuse possible et de partager la beauté du monde, après avoir frôlé la mort lors d’un périple en mer lorsqu’elle était enfant.
«Je crois qu’on est tous nés avec une mission et que la mienne, c’est de faire plaisir aux gens», confie d’entrée de jeu l’autrice du roman à succès Ru.
Selon la Québécoise de 56 ans, c’est son père qui lui a transmis le gène du bonheur. Même dans les moments les plus difficiles dans la cale du bateau de fortune à bord duquel elle et sa famille ont fui le Vietnam, à la fin des années 1970, son père posait toujours un regard positif sur chaque situation.
«Mon père, peu importe où il habite, c’est toujours le meilleur appartement, la meilleure rue, le meilleur quartier, lance en riant Kim Thúy. On a vécu dans des places vraiment terribles et dans des camps de réfugiés où on n'avait rien. Mais, malgré ça, il réussissait toujours à aller chercher une lumière.»

Une chance inespérée
Le fait d’avoir vu la mort de proche pendant sa traversée en mer a forcément aussi changé à tout jamais sa façon d’aborder la vie.
«Je ne suis pas supposée avoir accès à cette vie-là, rappelle la mère de deux enfants. J’ai vu notre bateau se défaire 15 minutes après qu’on en soit débarqués. S’il avait coulé 15 minutes plus tôt, je ne serais peut-être plus là. J’ai donc le devoir et la responsabilité de vivre cette vie du mieux que je peux pour ceux qui n’ont pas eu la même chance que moi.»
Mme Thúy a la chance d’avoir plusieurs outils pour propager le bonheur. Elle a, bien sûr, sa plume qui lui a permis d’écrire des histoires qui ont ému des centaines de milliers de lecteurs à travers le monde. Mais elle a aussi une passion (et un talent) pour la cuisine.
La Longueilloise ne cache pas que, comme tout le monde, il lui arrive d’avoir du mal à se sortir du lit le matin. Encore récemment, un gros mal de dos et une extinction de voix ont failli la convaincre d’annuler une visite dans une école. Mais après avoir ouvert le robinet de sa salle de bains, elle s’est rappelé à quel point la vie est belle.
«La beauté est là»
«J’ai de la chance parce que le bonheur peut m’arriver assez rapidement. J’ai juste à ouvrir un robinet le matin et je me sens chanceuse de voir l’eau couler. Et de l’eau potable en plus! Ce matin, par exemple, j’ai vu que des tiges de fleurs que m’a offertes ma mère ont commencé à éclore! C’est la plus belle chose au monde!»
«La beauté est là, autour de nous. On se doit d’aller chercher ces moments de bonheur là pour contrer le côté sombre de nous. Surtout dans les temps difficiles comme ceux qu’on vit en ce moment. Car c’est la beauté qui va sauver le monde.»