J’ai la chance de poursuivre mes études grâce aux services que l’on coupe aujourd’hui

Hercules Pierre, étudiant, Montréal
Depuis que j’ai 6 ans, je suis dans des classes de langage. J’ai eu la chance d’avoir accès à des services spécialisés – en orthophonie, en psychologie, en travail social – qui m’ont permis de cheminer, malgré les difficultés.
Pendant 15 ans, j’ai été accompagné, soutenu, encouragé. Aujourd’hui, je poursuis des études en enseignement supérieur, avec encore un peu d’aide pédagogique. Mais même avec tout cela, ce n’est pas facile.
Je me demande souvent: qu’arrivera-t-il aux autres, ceux qui, à cause des coupes budgétaires, n’auront plus accès à ces services? Est-ce qu’ils auront la force de continuer? Est-ce qu’ils pourront rêver, eux aussi?
L’éducation ne devrait pas être un privilège
Je me présente: je m’appelle Hercules Pierre. Je suis étudiant en génie électrique au Collège Ahuntsic. Mon parcours n’a pas été simple. Depuis la maternelle jusqu’à l’âge de 15 ans, j’ai été en classe de langage. J’ai quitté mon école secondaire de quartier pour aller au Centre Sainte-Croix, un milieu plus adapté à mes besoins. Ensuite, j’ai obtenu mon diplôme à l’école secondaire Marie-Anne. J’ai même suivi quelques cours dans un DEP en soutien informatique. Et aujourd’hui, je poursuis des études collégiales dans un programme exigeant.
Mais si je suis encore ici aujourd’hui, c’est grâce aux services de soutien que j’ai reçus.
Les orthopédagogues, les psychologues, les éducateurs spécialisés et même les ateliers organisés par ces professionnels ont été essentiels à mon cheminement. Sans eux, je n’aurais peut-être jamais terminé mon secondaire. Je n’aurais pas eu la chance d’avoir mon diplôme ni d’oser rêver à une carrière dans un domaine comme le génie.
Besoins fondamentaux
Ces services ne sont pas des «bonus». Ce sont des besoins fondamentaux pour des jeunes comme moi, qui vivent avec des difficultés invisibles, mais bien réelles. Les coupes budgétaires en éducation menacent l’avenir de milliers d’élèves au Québec. Sans ces services, beaucoup d’entre eux resteront en silence, incapables d’exprimer ce qu’ils vivent, incapables d’avancer. Ces services m’ont aidé à réaliser un de mes plus grands rêves: écrire et publier un livre.
Ce soutien est donc essentiel, car ce sont souvent ces jeunes, avec le bon accompagnement, qui finissent par surprendre et accomplir de grandes choses.
Croyez-moi, il faut agir maintenant. Couper dans l’éducation, c’est couper dans l’avenir.
Hercules Pierre
Étudiant
Montréal