«J’ai écrit ce roman avec la puissance de la colère», confie Véronique Marcotte, autrice du roman «Je n’ai personne à qui dire que j’ai peur»


Sarah-Émilie Nault
Avec Je n’ai personne à qui dire que j’ai peur, Véronique Marcotte aborde des sujets qui sont tristement d’actualité: les violences envers les femmes. Ce qui rend ce roman aussi captivant malgré la lourdeur des thèmes évoqués? Le savant mélange de thriller et d’autofiction.

De prime abord, Je n’ai personne à qui dire que j’ai peur est un roman qui fusionne deux histoires, qui vont finalement se rejoindre. Celle de l’alter ego de Véronique Marcotte qui, révoltée par sa trentaine, se rend dans une cabane pour régler son passé mais voit son projet échouer à la rencontre de Jade et de sa fille. Puis, celle des meurtres de frères jumeaux, que tentent d’élucider une enquêtrice et son acolyte, à des kilomètres de là.
Mais ce roman est beaucoup plus que cela.

Faits vécus
S’il est impossible de sortir indemne de cette lecture, c’est en grande partie parce que tout ce qui alimente la portion d’autofiction est réellement arrivé à son autrice, Véronique Marcotte. Aussi parce que l’inspiration derrière la partie thriller vient d’un fait vécu à glacer le sang ayant fait le tour du monde il n’y a pas si longtemps.
Dès la parution de son roman, Véronique Marcotte s’est mise à recevoir des témoignages de femmes ayant survécu à des sévices semblables aux siens. Elle récolte aussi de nombreuses offres de câlins de la part de lecteurs qui la rencontrent en personne. Des marques d’affection qu’elle dit devoir apprendre à accueillir, comme un baume collectif sur ses blessures passées.
«Je suis tellement fière et contente de ce que je reçois comme lumière et aussi comme tristesse. Récemment, dans un salon du livre, cela m’a frappée. J’ai fait une entrevue sur scène et j’ai vu une femme qui pleurait dans la salle. On me mentionne également sur les réseaux sociaux avec des déclarations comme: “J’avais grand besoin d’une alliée dans les moments que je vis”», explique la créatrice de 49 ans, originaire de la Mauricie.
«J’ai une responsabilité d’écouter ces femmes qui se confient à moi après avoir lu mon livre», poursuit celle qui, dans ce roman haletant, aborde sa difficile trentaine marquée par des hommes violents et des problèmes de dépendance.

Pour les femmes
Véronique Marcotte explique que c’est en pensant à ses belles-filles, qui sont dans la trentaine, qu’elle a eu envie d’écrire ce roman.
«J’ai songé à tout ce que j’ai vécu et j’ai espéré qu’elles, au moins, se donnent le droit de se révolter. Cela m’a donné cette volonté de me révolter, d’être en cr*ss et de le dire en utilisant le “je”», lance celle qui en est à son huitième roman.
«Ce roman, je l’ai vomi. Je l’ai écrit en sept mois. Je l’ai écrit avec la puissance de la colère», poursuit l’écrivaine, qui se dit fatiguée par tout ce qu’elle lit dans les journaux concernant les féminicides et la violence faite aux femmes.
«Je voulais raconter une histoire qui, j’espérais, allait faire écho chez les femmes, les jeunes filles et pourquoi pas aussi les hommes. J’aimerais que les gens qui ont vécu de telles choses comprennent qu’elles ne sont pas seules. Et que ceux qui ne sont pas concernés comprennent que lorsqu’ils marchent dans la rue, ils croisent probablement au moins une personne qui a vécu quelque chose qui a bouleversé sa vie», poursuit Véronique Marcotte qui, à l’aube de la cinquantaine, affirme avoir «le feu au cul et tellement d’affaires à dire» dans ses prochains romans.
– Le roman Je n’ai personne à qui dire que j’ai peur, de Véronique Marcotte, est en librairie.