«J’ai accepté de faire "Chanteurs masqués" pour ma défunte mère, qui aimait beaucoup l’émission»: découvrez l’identité de l’humoriste démasquée


Guillaume Picard
Aviez-vous reconnu la voix de la personnalité cachée dans le costume de Germaine Pigeon, à Chanteurs masqués? Les enquêteurs Sam Breton et Anouk Meunier, eux, avaient visé dans le mille.
Le mur de brique rappelant le célèbre personnage de méchante de cette humoriste qui se fait rare, très rare même dans nos écrans, aurait dû à lui seul nous aiguiller.
Dans les autres indices, on disait entre autres: «J'aime le crier haut et fort, mon quartier, mes voisins, mon monde me coule dans les veines». La méchante, toujours armée de ses jumelles, n’avait effectivement pas la langue dans sa poche, se souviendront les adeptes du défunt Groupe sanguin.
Eh bien oui, c’est Marie-Lise Pilote qui se glissait dans le «pigeon voyageur».

«C’est tout à fait moi, ça», a-t-elle dit en riant, au cours d'une entrevue dans laquelle elle a avoué voir peu de spectacles d’humour, comme si, après avoir fait autant rire le Québec, et renoncé elle-même à la scène, elle trouvait maintenant son bonheur ailleurs.
La femme de 61 ans, véritable bête de scène ayant amorcé sa carrière avec Le groupe sanguin, à la fin des années 1980, nous a fait crouler de rire tout au long de son parcours, jusqu’à tant qu’elle décide de prendre congé de la vie publique.
Marie-Lise Pilote n’a toutefois pas pu résister quand on lui a proposé de participer à la cinquième saison de Chanteurs masqués. Elle voulait ainsi faire un clin d’œil à sa maman décédée plusieurs mois avant le tournage.
«Ma mère, qui est décédée le 11 septembre 2024, adorait Chanteurs masqués. Elle me disait tout le temps: "comment ça se fait qu’ils ne t’appellent pas?" C’était vraiment drôle! Quand j’ai reçu la proposition de participer, je me suis dit: "Mon Dieu, maman serait tellement contente". Bref, j’ai accepté de faire "Chanteurs masqués" pour ma défunte maman, qui aimait beaucoup l’émission», a raconté Marie-Lise Pilote, dont l’entreprise Pilote et filles poursuit ses activités, 17 ans après sa fondation avec le mandat d’habiller et de chausser les travailleuses.

Celle qui a fait deux tournées avec Le groupe sanguin et proposé quatre spectacles solos a un jour décidé d’accrocher son micro, non pas par amertume ou désillusions, mais parce qu’elle avait l’impression d’avoir fait le tour du jardin.
«Entre mon troisième et mon quatrième one woman show, il y a eu 13 années sans scène. Le dernier show, j’en ai profité tous les soirs. On dirait que j’avais besoin d’aller vérifier si j’avais encore envie de faire ça, puis je me suis rendu compte que ça avait tellement changé. J’étais rendue ailleurs, aussi», a-t-elle raconté, disant ne jamais être nostalgique de cette époque.
«Je pense que dans ma carrière j'ai rendu du monde heureux, j’en ai fait rire beaucoup. Moi, ça m'a rendue heureuse aussi, mais je considère que toute bonne chose a une fin et il faut savoir se retirer, comme Aznavour le disait. Je continue de créer, mais je fais maintenant des choses pour moi. Pendant longtemps, j’ai fait des choses pour qu’elles soient montrées aux gens. Quand je fais une pièce de poterie, aujourd’hui, je le fais pour le plaisir de créer et c’est vraiment relaxant pour moi», a ajouté celle qui voyage le plus souvent possible et qui, une fois de retour au bercail, apprécie son rôle de «grand-maman à plein temps».
Ces jours-ci, elle bricole des costumes d’Halloween pour ses petits monstres, les deux filles de son conjoint qui ont, au total, six enfants. Elle est installée à sa maison de campagne, «dans le bois», en Estrie, et dispose d’un pied-à-terre dans la métropole.
Plus souvent au théâtre que dans un spectacle d'humour
Marie-Lise Pilote est ravie de voir la «relève extraordinaire» en humour, côté féminin.
Elle cite spontanément Josiane Aubuchon, Virginie Fortin et Katherine Levac, en se rappelant qu’à ses débuts elle était pratiquement seule à faire rire les Québécois à temps plein, avec Chantal Francke de Rock et belles oreilles, précise-t-elle.
Va-t-elle voir beaucoup de spectacles d’humour? La réponse a de quoi étonner, mais se défend.
«Je dois t’avouer que quand je vais dans une salle, je préfère le théâtre. L'humour, j’en ai tellement fait, on dirait que j'ai pas vraiment envie d'en voir (rires). Malgré que dans les humoristes il y en a plein que j'aime.»