Jacob Fowler: un trésor à manipuler avec soin


Marc de Foy
Jacob Fowler se retrouve dans la même position que celle de Lane Hutson à pareille date l’an dernier. Après deux saisons dans la NCAA, le gardien de 20 ans se dit prêt à faire le saut chez les professionnels.
Tout comme Hutson, Fowler est attendu comme un sauveur par tout ce qui bouge de partisans du Canadien. Même certains journalistes se font prendre au jeu.
L’athlète originaire de la Floride a brûlé les rangs collégiaux américains lors de ses deux saisons avec les Eagles de Boston College. Mais, attention, il ne faut pas mettre la charrue devant les bœufs.
On parle d’un gardien dans ce cas-ci. Il n’est pas dit que Fowler, malgré toute sa bonne volonté, deviendra une vedette instantanée.
Est-ce exagéré de prétendre que la progression d’un gardien ne se fait pas du jour au lendemain?
Par curiosité et pour me rassurer, j’ai posé la question à Stéphane Waite, ancien entraîneur des gardiens du Canadien et des Blackhawks de Chicago.
«Rares sont les gardiens qui sont capables de passer directement des rangs amateurs à la Ligue nationale, répond-il.
«C’est la position la plus difficile au hockey, celle qui vient avec le plus de pression. Comme je le disais quand j’étais entraîneur et je le maintiens aujourd’hui, il faut prendre le temps qu’il faut avec les jeunes gardiens.
«Il n’y a pas longtemps, on pensait que Jakub Dobes serait le gardien numéro un du Canadien dans deux semaines», rappelle Waite.
Deux années difficiles pour Price
En 2007, l’organisation montréalaise avait affecté Carey Price à son ancien club-école de Hamilton à la fin de son stage junior. Il avait aidé les Bulldogs à remporter la coupe Calder.
Or, le plan de Guy Carbonneau, qui venait de terminer sa première saison à la barre du Canadien, et de son entraîneur des gardiens, Roland Melanson, était que Price poursuive son apprentissage dans la Ligue américaine la saison suivante.
Mais la haute direction de l’équipe, qui était formée de George Gillett, Pierre Boivin et Bob Gainey, ne l’entendait pas ainsi. Price connut une première saison respectable avec le grand club, mais les deux suivantes furent difficiles.
«Ils auraient pu l’échapper», m’avait dit Melanson quelques années plus tard, alors à l’emploi des Canucks de Vancouver.
Waite n’est pas surpris que Price ait pu passer au travers.
«C’est un spécial, c’est un pur-sang», affirme-t-il.
L’exemple de Corey Crawford
La seule façon dont Fowler pourrait aller terminer la saison avec le Rocket de Laval serait qu’il accepte un contrat d’essai professionnel. Mais il serait très étonnant qu’il penche pour cette option.
N’empêche, Waite le voit avec la filiale du Canadien la saison prochaine.
«À 21 ans [il les aura le 24 novembre] et après deux saisons dominantes au niveau collégial, ce serait parfait pour lui.»
Pour combien de temps?
Une saison?
«À Chicago, notre philosophie voulait que nos gardiens disputent 250 matchs dans la Ligue américaine, enchaîne Waite.
«Corey Crawford en a joué 250 [255, en fait]. Il a trouvé l’expérience difficile. Je l’encourageais à persévérer.
«Une fois avec le gros club, il a remporté deux coupes Stanley. Aujourd’hui, il est satisfait de sa carrière.»
Crawford était âgé de 26 ans lorsqu’il est devenu le gardien attitré des Hawks. Il a accroché ses jambières à 35 ans.
Fowler jouera avec le Canadien avant 26 ans, mais il serait de mise de lui laisser le temps de faire ses classes et de s’établir.