J.D. Vance et le déclin de l’empire américain


Normand Lester
J.D. Vance, qui a déjà dit que Trump était le «Hitler américain», s’est agenouillé devant le maître miraculé de Mar-a-Lago qui l’a oint comme candidat à la vice-présidence.
Depuis qu’il a été élu au Sénat en 2022, Vance est devenu un défenseur acharné et inconditionnel des élucubrations les plus mensongères de Trump. Celui qui ne manque jamais une occasion pour lui démontrer sa soumission et sa loyauté n’en est pas à une volte-face et à une contradiction près.
Vance croit que l’Amérique a besoin d’un changement de régime. C’est à leur tour! Depuis des décennies, Washington en a imposé – ou tenté d’en imposer – partout sur la planète, du Chili à l’Afghanistan en passant par l’Iran. Vance est convaincu que les élire, Trump et lui, est le seul espoir de sauver les États-Unis. Mais il ne croit pas que quatre années supplémentaires sous Trump suffiront à changer les choses.
Pour lui, la classe politique américaine s’est révélée incapable de renverser la «stagnation fondamentale au cœur de la société américaine». La conviction de Vance du déclin de l’empire américain nous permet de comprendre son projet politique qui dépasse largement celui de Trump.
De Gaulle et la présidentielle américaine
J.D. Vance aspire à être un leader comme Charles de Gaulle, prêt à transformer l’ensemble du système constitutionnel américain. Lorsque le journaliste Ian Ward de Politico lui a demandé s’il y avait des personnages historiques qui l’inspirait, il a déclaré qu’il avait beaucoup pensé à Charles de Gaulle. Il a réécrit la constitution (Ve République) pour étendre le pouvoir exécutif du président afin de sauver la France. Vance ne pense pas que de Gaulle ait réussi à 100%: «Il a résolu beaucoup de problèmes et les a atténués, mais il n’a pas fondamentalement inversé le déclin de la France».
Selon Vance, la future administration Trump va devoir gérer un empire en déclin. Il dit que les États-Unis sont entrés dans «une période républicaine tardive», allusion au déclin de la République romaine au Ier siècle av. J.-C.
Diplômé de l’Université Yale, où il avait comme camarade de classe, son ami, le député conservateur ontarien Jamil Jivani, Vance est le porte-drapeau de la nouvelle droite américaine, des jeunes conservateurs qui veulent s’emparer de la révolution idéologique engendrée par Trump: nationalisme, ligne dure sur l’immigration, théorie du grand remplacement et opposition à l’implication des États-Unis dans les conflits étrangers.
J.D. Vance: attention, danger!
Pour la nouvelle droite, le trumpisme n’est que la première étape d’une révolution populiste-nationaliste qui aspire à transformer l’Amérique tout entière. Ils croient les États-Unis dans une situation aussi désespérante que l’Allemagne en 1933.
Attention! Trump n’a plus affaire comme vice-président à un conservateur insignifiant comme Mike Pence, mais à un idéologue plus intelligent, mieux informé, plus articulé et plus convaincant que lui.
Si le duo est élu, il est évident que J.D. Vance ne sera pas auprès de Trump ce que Kamala Harris a été pour Biden: un faire-valoir discret au discours décousu. Vance va vouloir sa place au soleil... et au micro. Trump va en prendre ombrage. Il y a du brasse-camarade en perspective au Bureau ovale.