«J'aurais été plus méchante que ça»: Monique Jérôme-Forget critique la gestion du dossier Northvolt


Rita St-Michel
«J'aurais été plus méchante que ça moi», tranche Monique Jérôme-Forget, en réaction à l'annonce de la fin du financement du projet Northvolt par le gouvernement Legault.
Pour l'ancienne ministre des Finances du Québec, réputée pour sa rigueur budgétaire, le projet avorté de méga-usine de batteries, qui a coûté 510 millions de dollars à Québec, est un échec économique majeur qui aurait pu être évité.
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Quand on lui a demandé si elle aurait approuvé l'investissement de près de 800 millions de dollars dans le mégaprojet, l'ancienne présidente du Conseil du Trésor n'a pas mâché ses mots mardi lors de son entrevue avec Isabelle Maréchal sur QUB radio et télé, diffusée sur les ondes du 99,5 FM Montréal.
«J'aurais dit je veux bien mettre de l'argent, mais il faut que ce soit dans l'installation des modules qui vont être au Québec.» a-t-elle déclaré.
Plutôt que d'engloutir des centaines de millions dans la maison mère suédoise, aujourd'hui en faillite, Mme Jérôme-Forget aurait exigé des garanties concrètes et des retombées directes pour le Québec. Cette prise de position met en évidence un écart significatif entre la stratégie qu'elle aurait privilégiée et celle mise en œuvre par le gouvernement Legault.
Sa vision aurait été de s'assurer que chaque dollar public serve réellement le développement économique québécois, plutôt que de renflouer une entreprise étrangère aux assises financières douteuses.
L'héritage d'une gestion rigoureuse
Connue pour sa discipline budgétaire et sa gestion serrée des deniers publics, Monique Jérôme-Forget avait bâti sa réputation sur une approche pragmatique des investissements gouvernementaux. Durant son mandat, elle avait notamment réussi à générer des gains durables et à assainir les finances publiques, lui valant les éloges d'économistes de diverses tendances politiques.
Cette expérience lui donne une légitimité particulière pour critiquer la gestion du dossier Northvolt.

Une leçon coûteuse pour le Québec
Le gouvernement Legault se retrouve aujourd'hui avec une facture de 510 millions de dollars, dont 270 millions perdus dans la faillite de la maison mère suédoise. Les 240 millions restants, prêtés pour l'acquisition du terrain, font l'objet d'une réclamation devant les tribunaux, mais les chances de récupération semblent minces selon les sources gouvernementales.
La réaction de Monique Jérôme-Forget s'inscrit dans un débat plus large sur la façon dont le gouvernement québécois gère les investissements publics dans des projets industriels d'envergure. Sa critique suggère qu'une approche plus prudente et conditionnelle aurait pu éviter cette perte considérable.