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L'article provient de Le Journal de Montréal
Sports

J’ai essayé de suivre Kristopher Letang et Bokondji Imama au gym et je pensais que mes jambes allaient exploser

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Photo portrait de Nicolas Cloutier

Nicolas Cloutier

2025-09-03T03:25:00Z
2025-09-03T03:28:16Z
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Parmi les idées les plus téméraires que j’ai pu avoir, celle-là est dure à battre: suivre Kristopher Letang et Bokondji Imama, deux bêtes de gym, lors d’un entraînement. Je tue l’intrigue tout de suite: j’ai souffert. Et vomi.

J’ai cru que mes jambes allaient exploser.

Je vous brosse le portrait. En matière de conditionnement physique, Letang est reconnu comme l’un des meilleurs athlètes de la meilleure ligue de hockey au monde (j’ai vu des troncs d’arbre moins massifs que ses jambes). On est dans l’élite de l’élite. Et Imama, qui vise un poste à temps plein avec les Penguins de Pittsburgh, ne donne pas sa place.

En observant Joshua Roy lors d’une séance draconienne cet été, la question me tenaillait: je sais que ces gars-là sont bien plus en forme que moi, mais à quel point? Je savais qu’un océan me séparait d’eux, mais je voulais savoir sur combien de centaines de kilomètres il s’étendait.

Si je ne me considère pas comme un athlète, je me qualifierais de raisonnablement en forme. Je lève des poids à raison de quatre fois par semaine au Éconofitness. Je fais un peu de cardio, sans plus. J’ai une silhouette de gym bro plus ou moins fonctionnelle. Je ne suis pas le Jonathan moyen (votre traduction douteuse de Average Joe). Bref, je suis un peu plus en forme que la moyenne des ours.

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• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Au Adrenaline Performance Center de l’entraîneur réputé Jonathan Chaimberg, la séance la plus destructrice a traditionnellement lieu le vendredi. Il fallait vivre l’expérience complète.

Dans les 15 premières minutes, je vois ce qui distingue le hockeyeur professionnel des autres. Attachés à un poteau par un élastique qui crée une tension, Letang, Imama et moi devons prendre un pas de recul et bondir.

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Le mouvement n’est pas naturel pour moi, mais pour le hockeyeur professionnel explosif sur une glace? Rien de plus familier. Letang et Imama parviennent facilement à maintenir une posture stable et dynamique, puis à sauter avec puissance.

À travers cet exercice, le lancer de la boule lestée sur le mur et un autre qui te fait connaître chacun de tes muscles abdominaux (certains dont tu ignorais l’existence), le cœur commence à pomper. Puis Imama me lance un avertissement.

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«Tu fais l’entraînement complet, hein? Parce que ça, c’est le warm-up

Ah, cool, cool, cool, cool. J’ai évidemment fait comme si tout allait bien.

Le vrai entraînement a commencé et c’était essentiellement: faire un aller-retour en tirant, puis poussant un traîneau extrêmement lourd, réaliser des fentes avec des haltères et compléter des squats, encore une fois avec des poids, cette fois sur les épaules.

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Un circuit de tout ça. Interminable. Sans pause.

Oui, sans pause, car je tentais tant bien que mal de reprendre mon souffle et Letang ne s’est pas gêné pour me le rappeler: «Pas de Gatorade entre le sled et les walking lunges

Après trois séries, j’allais arrêter. Je sentais que mon corps n’avait plus rien à donner. Je peinais à me tenir debout. Mais on m’a poussé et il n’était pas question d’abandonner.

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Ça a tout pris. On a dû baisser mes charges vers la fin. J’exécutais chaque pas sans trop savoir si mon corps accepterait d’en faire un autre. Et à côté, Letang et Imama poussaient la machine, filant à toute vitesse. Ça avait l’air facile... 

Puis j’en suis venu à bout. Je vous épargnerai les menus détails des moments qui ont suivi, près de la poubelle à l’extérieur du gymnase. Mais Kristopher Letang et son fils la trouvaient bien drôle, eux qui espionnaient du coin de l’œil, mi-amusés, mi-préoccupés.

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Et alors que je tentais de survivre et de revenir parmi eux, nos deux machines n’en avaient pas eu assez et elles ont décidé de grimper sur le tapis roulant pour ajouter un dernier exercice à cette dinguerie. Des fous.

Jamais je ne réussirai à les suivre, mais j’aurai au moins gagné leur respect.

«La seule chose que je souhaitais qui arrive, c’est que tu finisses le workout, a confié Letang. On sait qu’il est assez difficile.»

«Si tu reviens demain, je serai encore plus impressionné», a lancé Imama. Aucune chance.

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«Je t’ai trouvé incroyable aujourd’hui, m’a avoué l’entraîneur Jonathan Chaimberg. Je suis vraiment honnête. Je sais que tu l’as eu difficile, mais on a amené du monde qui n’a pas aussi bien fait par le passé. Enlève le tapis roulant à la fin, et ça, c’était leur initiative, tu as fait exactement ce qu’ils ont fait [avec de plus faibles charges].»

C’est ma petite victoire de sportif de salon: Letang avait tendu une invitation semblable à un journaliste couvrant les activités des Penguins de Pittsburgh l’été dernier. Et ça s’était plutôt mal passé.

«On peut dire que tu as battu cet individu haut la main», a concédé Letang avec le sourire. Pour la petite histoire, nos sources disent qu’il a dû rendre les armes au beau milieu de l’entraînement.

De gauche à droite: Bokondji Imama, Nicolas Cloutier, Kristopher Letang et Jonathan Chaimberg.
De gauche à droite: Bokondji Imama, Nicolas Cloutier, Kristopher Letang et Jonathan Chaimberg. TVA Sports

Vos héros à la télévision ne sont pas de simples mortels. J’ai en fait la ferme conviction que cette séance aurait pu occasionner des blessures sérieuses chez quiconque n’a pas une base d’entraînement et une bonne hygiène de vie.

Et quand je vois Chaimberg pousser ces deux bonshommes, je me rappelle que Roy s’est soumis à ces méthodes spartiates tout l’été. Je ne miserais pas mon vieux billet de deux dollars contre lui au prochain camp d’entraînement des Canadiens.

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