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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

J'adore mon auto électrique, mais elle coûte trop cher

Qui a les moyens de payer 1000$ par mois pour s'acheter un véhicule vert?

Photo Martin Chevalier
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Photo portrait de Éric Yvan Lemay

Éric Yvan Lemay

2023-10-28T04:00:00Z
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J’ai eu la chance de mettre la main sur une des quelque 2500 premières Hyundai Ioniq 6 qui ont débarqué au pays au cours des derniers mois.

• À lire aussi: Subventions pour bornes électriques : guide pratique

C’est une voiture électrique fantastique. Je n’ai jamais eu autant de plaisir à conduire une auto neuve après 30 ans derrière le volant. Quand je roule en mode éco, ça me rappelle les autos tamponneuses de mon enfance. En mode sport, elle me colle littéralement à mon siège.  

Au départ, j’étais réticent pour des raisons financières. Je pensais davantage à un véhicule économique comme la Honda Civic, mais je me suis laissé tenter par un véhicule électrique. Il faut dire que mes enfants poussaient beaucoup vers un véhicule zéro émission pour des raisons écologiques. 

Depuis le mois d’août, plusieurs de mes amis et collègues nous envient, ma femme et moi, en voyant notre bolide rouge. Mais la plupart n’achèteront pas une voiture électrique. 

La raison est bien simple: ça coûte trop cher. Qui a de 900$ à 1000$ par mois à mettre dans un véhicule vert? C’est le prix moyen de plusieurs modèles, avec un financement sur cinq ans. 

Ma Hyundai Ioniq 6 rouge fait bien des envieux dans mon entourage, mais il faudra que le prix des véhicules électriques baisse pour qu'ils soient accessibles à la majorité de la population.
Ma Hyundai Ioniq 6 rouge fait bien des envieux dans mon entourage, mais il faudra que le prix des véhicules électriques baisse pour qu'ils soient accessibles à la majorité de la population. Photo Martin Chevalier

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Les données publiées sur le site de l’Association des véhicules électriques (AVEQ)* montrent que l’électromobiliste moyen a 46 ans (exactement comme moi) et gagne de 70 000$ et 80 000$ par année. On est loin du salaire de la majorité des citoyens du Québec. 

  • Écoutez l'entrevue d'Éric Yvan Lemay via QUB radio:

Trop pauvres pour une Leaf 

Selon un rapport de HEC Montréal publié en 2021**, sur un échantillon de 100 personnes, seulement les 60 qui gagnent le plus pourront se payer une modeste Nissan Leaf, qui est pourtant un modèle d’entrée de gamme. Sans compter qu’on a annoncé plus tôt cette année la fin d’un des modèles les plus populaires et les plus accessibles, la Chevrolet Bolt (le constructeur a par la suite promis un nouveau modèle). 

Une Chevrolet Bolt EV
Une Chevrolet Bolt EV Photo courtoisie

Les véhicules électriques qui ont présentement la cote se vendent souvent à plus de 60 000$. Évidemment, on économise sur l’essence, mais il faut des années avant d’absorber les coûts d’acquisition et se trouver chanceux de ne pas faire le plein à gros prix. 

Vous allez me dire qu'il y a de généreuses subventions pour aider les gens qui veulent faire le virage vers l’électrique. Vous avez raison. Une somme de 7000$ a été versée directement au concessionnaire sur ma Ioniq par Québec et un autre 5000$ par Ottawa. Merci beaucoup, mais ça n’a pas de bon sens à long terme.  

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Subventions aux plus riches 

L’argent versé par Québec provient du Fonds vert. Un fonds financé notamment par les pétrolières qui refilent la facture sur le prix du litre d’essence. Résultat, l’argent redistribué par les gouvernements sert à financer les plus riches. 

Le rapport publié par HEC soulevait d’ailleurs ce problème.  

  • Écoutez la chronique culture et société avec Jean-François Baril et Sophie Durocher via QUB radio: 

«Le programme de rabais du Québec a été vivement critiqué à deux titres. Premièrement, certains de ses opposants soutiennent que les remises aident majoritairement les ménages les plus riches et sont donc régressives puisque les recettes fiscales collectées sur une large base ne viennent en aide qu’aux déjà mieux nantis», a écrit Lenka Martinek qui était alors étudiante à la maîtrise en management et développement durable. 

Depuis dix ans, le gouvernement a versé plus de 1 milliard $ provenant du fonds vert pour électrifier le parc automobile. Selon les prévisions, une autre tranche de 664 M$ sera versée d’ici 2028 pour l’achat de véhicules électriques***.  

Photo courtoisie
Photo courtoisie

Les gouvernements mettent des sommes colossales pour électrifier le transport, mais ça ne permet pas à une majorité de gens d’acheter des véhicules écologiques. Même l’AVEQ reconnaît que le prix est le principal obstacle cité par les propriétaires pour convaincre leurs proches de passer à l’électrique. En Californie, on a plafonné les subventions pour les plus riches. Les gens moins fortunés, eux, ont droit à des rabais supplémentaires. 

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Mais, comme je l’ai dit plus tôt, les subventions ne pourront pas être une solution à long terme. Il faudra que les constructeurs produisent des modèles moins chers. 

Un «modèle T» électrique 

Je me rappelle que ma première voiture neuve était une Toyota Tercel et qu’elle avait un excellent rapport qualité-prix. Encore aujourd’hui, 23 ans après la fin de sa commercialisation, on en voit encore quelques-unes sur nos routes. Je rêve donc de ce type de voiture pour démocratiser l’électrique. Une sorte de modèle T, accessible au plus grand nombre, sans les émissions nocives pour l’environnement. 

Une Ford Modèle T avec le fondateur de la marque, Henri Ford, sur une photo prise en 1921 à Buffalo. À l'époque, plus d'un million d'exemplaires de la populaire voiture avaient déjà été produits.
Une Ford Modèle T avec le fondateur de la marque, Henri Ford, sur une photo prise en 1921 à Buffalo. À l'époque, plus d'un million d'exemplaires de la populaire voiture avaient déjà été produits. Courtoisie

J'ai tout de même bon espoir qu’avec la multiplication des modèles électriques sur le marché, les prix vont baisser. Au milieu des années 1990, un lecteur DVD pouvait coûter des centaines de dollars alors qu’aujourd’hui, on en trouve à 30$ à peine.  

En espérant que les prix vont baisser avant que la technologie ne soit désuète.  

 

*AVEQ. Statistiques sur l’électrification des transports au 31 décembre 2022

**Rapport d’étude sur l’adoption des véhicules électriques au Québec : enjeux sociaux et fiscaux, Lenka Martinek, Chaire de gestion du secteur de l’énergie, HEC Montréal.

***Plan de mise en œuvre 2023-2028 du Plan pour une économie verte, ministère de l’Environnement et de la lutte contre les changements climatiques.

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