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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

IXE-13: une bédé bien de chez nous

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Photo portrait de Sophie Durocher

Sophie Durocher

2024-02-19T00:00:00Z
2024-02-19T03:00:00Z
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Alors, avez-vous regardé IXE-13 et la course à l’uranium, la nouvelle série du Club illico, écrite par Gilles Desjardins, l’excellent auteur qui nous avait donné une relecture des Pays d’en haut? 

C’est rare qu’une série obtienne des commentaires positifs autant chez les plus jeunes que chez les baby-boomers. La critique est unanime!

Mais une chose me chagrine: pourquoi plusieurs critiques ont passé sous silence l’auteur des premiers IXE-13, Pierre Daignault, père du chroniqueur culturel Daniel Daignault?

À l’heure où Chantal Cadieux (auteure de Providence et Mémoires vives) écrit une lettre ouverte demandant qu’on reconnaisse le métier d’auteur, il me semble qu’on doit redonner à César ce qui appartient à César.

Pas une comédie musicale!

J’ai été surprise de lire dans Le Devoir: «Cette réinterprétation de la comédie musicale IXE-13, réalisée en 1971 par Jacques Godbout, n’a pas grand-chose à voir avec l’originale, qui mettait en vedette Les Cyniques dans un décor en carton».

Heu, excusez-moi, pardon, mais on oublie de dire que le film de Godbout était lui-même une satire des livres de Pierre Daignault.

Pourtant, à la mort de Daignault, en 2003, Le Devoir écrivait: «Ses aventures de l’agent IXE-13, l’as des espions canadiens, tissées d’emphase, de clichés et de péripéties trépidantes autant qu’invraisemblables, se sont vendues à 28 millions d’exemplaires entre 1947 et 1967. Il en aura pondu plus de 950 dans des petits formats de poche, presque fascicules, vrai fast-food d’édition».

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Dans Urbania, j’ai lu: «Très vaguement inspiré du film de Jacques Godbout du même nom, IXE-13 et la course à l’uranium (ça se prononce X-13) raconte l’histoire d’un commando de guerre mené par le courageux Jean Thibault (Marc-André Grondin)».

Mon beau-père, Jacques Martineau, aujourd’hui décédé, était dans les années 50 et 60 un amateur invétéré des livres IXE-13 de Pierre Daignault, dont il possédait tous les exemplaires et dont il adorait les aventures rocambolesques. 

  • Écoutez l'entrevue avec Daniel Daignault, fils de l’auteur Pierre Daigneault à l’émission de Sophie Durocher via QUB:

Quand il est allé voir le film de Jacques Godbout, en 1971, il est sorti du cinéma furieux de voir qu’on s’était ainsi moqué de son héros adoré. 

Les chansons écrites par Godbout sur une musique de François Dompierre étaient au cœur du succès du film. En particulier La chanson très vulgaire et ses célèbres paroles «Mon hostie d'tabarnak tu vas manger ma main dans face / M’as t'en fourrer une claque, m'a t'casser les deux échasses / Mon câlisse de baveux y a pus personne pour me r’tenir / M’as t'moucher mon morveux, tu va crier pis dire martyr / Hostie, hostie, hostie, hostie, ciboire». 

Mettons que le beau-père ne l’a pas trouvé drôle!

Par une étrange de retour des choses, ceux qui vont regarder aujourd’hui la série IXE-13 version 2024, pensant y retrouver l’humour du film de Godbout, risquent d’être surpris que les épisodes soient si sérieux!

J’ose une comparaison: le film de Godbout était aux romans IXE-13 exactement comme les films Austin Powers sont une caricature des films de James Bond et des livres originaux de Ian Fleming. 

Pas cyniques

La série du Club illico n’est ni loufoque comme le film de Godbout ni bourrée de clichés comme les livres de Daignault.

Pour comprendre le ton, il faut la prendre comme une bande dessinée. Une BD bien de chez nous. Mais sans chanson vulgaire. 

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