Ivre au volant, elle tue une mère venue au Québec pour offrir une vie meilleure à ses enfants
Elkir Dorvil devrait écoper de 50 mois de détention pour avoir fauché la vie d’une mère de famille


Laurent Lavoie
Une chauffarde complètement ivre qui a tué une mère colombienne venue au Québec pour offrir une vie meilleure à ses enfants devrait écoper de 50 mois de détention.
Johanna Patricia Perilla Calderon, une maman de trois jeunes enfants arrivée au Canada en 2022, avait fait preuve de prudence le soir du 7 janvier 2023.
En revenant d’une soirée arrosée, elle avait pris la sage décision de revenir à la maison en taxi.

Mais elle a croisé le chemin d’Elkir Dorvil, ivre au volant de sa voiture.
«Nul besoin de témoignage pour comprendre l’ampleur des conséquences de perdre dans ces circonstances une mère», a résumé, en retenant ses larmes, la procureure de la Couronne Julie Vincent au palais de justice de Longueuil, lundi.
Dans une audience chargée en émotion, la chauffarde de 28 ans a admis les nombreux crimes survenus la nuit du drame, à Longueuil, dont celui d’avoir causé la mort de Johanna Patricia Perilla Calderon, une réfugiée de la Colombie.
Cette dernière avait passé la soirée avec deux amis à préparer de la nourriture pour l’anniversaire d’un de ses fils.
Trop vite, trop saoule
Comme ils avaient consommé de l’alcool, Mme Perilla Calderon et son ami Eric Corbeil ont fait appel à un Uber pour retourner à leurs résidences respectives. Ils n’auraient pas bouclé leur ceinture de sécurité.
Aux alentours de 3h55, leur taxi a tenté d’éviter la Mercedes de l’accusée, arrivant en sens inverse, mais sans succès. La collision frontale a été violente.

Johanna Patricia Perilla Calderon a succombé à ses blessures quelques mois plus tard.
L’enquête policière a révélé plus tard que l’accusée, Elkir Dorvil, avait presque deux fois la limite légale d’alcool dans son sang (145mg/100ml).
Pire encore, elle circulait à une vitesse moyenne de 105 km/h dans une zone de 70, dans les secondes précédant l’impact.
Séquelles permanentes
La Couronne a tenu à souligner la douleur qui habite désormais la famille de Mme Perilla Calderon. Certains membres étaient présents dans la salle d’audience, lundi.
La victime, une travailleuse sociale, apparaissait «comme une mère investie auprès de ses enfants», a détaillé Me Julie Vincent.
Ses garçons ressentent chaque jour «l’absence et [le] vide» laissés par la défunte de 42 ans.

«Votre maman, elle a fait le choix responsable» de ne pas prendre le volant, a insisté la juge Magali Lepage. «Vous êtes très courageux d’être ici aujourd’hui.»
Le conducteur de l’Uber, Sabardine Ouedraogo, et Eric Corbeil, l’autre passager, traînent quant à eux des séquelles permanentes de l’accident.
Seule responsable
M. Ouedraogo trimait dur pour envoyer de l’argent à sa famille dans son pays d’origine, mais tout s’est écoulé. Il a dû faire une croix sur son emploi.
«Mes enfants, je ne peux plus jouer avec eux. Ce sont des trucs qui viennent me chercher», a témoigné le père de famille.
À la barre, Elkir Dorvil a reconnu qu’elle était la «seule responsable» du drame.
«La meilleure décision est toujours de se faire accompagner, de prendre un taxi ou de rester dormir [...]», a-t-elle lancé.
Les parties ont fait une suggestion commune de 50 mois de détention. Le dossier reviendra en juin et la juge devra décider si elle entérine la peine proposée.
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