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L'article provient de Le Journal de Québec
Monde

Israël, l’Iran et la tentation nucléaire

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Photo portrait de Loïc Tassé

Loïc Tassé

2024-04-14T15:30:00Z
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Il revient à John Bolton, l’ancien conseiller à la sécurité nationale de Donald Trump, d’avoir placé clairement les enjeux militaires des attaques entre Israël et l’Iran. Selon lui, le gouvernement israélien doit profiter du prétexte de l’attaque de l’Iran contre Israël pour détruire les installations de fabrications d’armes nucléaires iraniennes. 

Pour lui, qu’Israël ait ou non commencé le conflit en attaquant l’ambassade iranienne en Syrie ou que le conflit remonte aux attaques du Hamas le 7 octobre ou que l’origine de la guerre tienne aux occupations israéliennes de terres palestiniennes ou même à la Déclaration de Balfour en 1917, n’a pas d’importance.

Aux yeux de Bolton, et sans doute de plusieurs militaires, la question est de savoir si un des prochains missiles que l’Iran lancera contre Israël sera ou non muni d’ogives nucléaires.

  • Écoutez l'expert en politique internationale Loïc Tassé à l'émission de Benoit Dutrizac via QUB :

Alliance limitée de Biden

Le gouvernement iranien a averti que toute représailles de la part d’Israël entraînerait une réponse « plus lourde et regrettable ».

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Pour sa part, Joe Biden a déclaré que si Israël attaquait l’Iran, il le ferait sans les États-Unis.

L’alliance entre les États-Unis et Israël prend ainsi la forme d’une alliance défensive au sens strict du terme. C’est-à-dire que cette défense n’inclût pas les attaques dites préventives contre des installations de pays ennemis.

On notera que les attaques massives de l’Iran ont pratiquement toutes été interceptées non seulement par l’armée israélienne, mais aussi par les appareils des armées américaines, anglaises et françaises basées dans la région. Un succès et une coopération qui peuvent à court terme rassurer.

AFP
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Détruire ou non les installations nucléaires

Néanmoins, Bolton a raison de souligner la question du nucléaire. Parce qu’il existe un précédent, lorsqu’un pays totalitaire se dote d’armement nucléaire. C’est la Corée du Nord.

George W. Bush aurait-il mieux fait d’attaquer dès 2006 les installations nucléaires nord-coréennes, au moment du premier essai nucléaire nord-coréen? Peut-être.

Cependant, il est loin d’être certain que les installations nucléaires iraniennes soient facilement atteignables. C’est même probablement l’inverse.

Faut-il se résigner à un équilibre de la terreur nucléaire dans la région ou bien risquer une guerre complète avec l’Iran et possiblement, une guerre nucléaire?

Pour Joe Biden, dans le contexte actuel, la paix vaut mieux que la guerre. Il a raison.

Il est illusoire de croire que les grands États du Proche et du Moyen-Orient ne finiront pas un jour par se doter de l’armement atomique. Après tout, il s’agit d’une vieille technologie qui remonte à près de 80 ans.

Le gouvernement iranien a aussi clairement indiqué qu’il ne souhaitait pas aller plus loin et les dégâts qu’il a infligé à Israël sont mineurs.

Malheureusement, Benyamin Netanyahou ne semble pas disposé à arrêter l’escalade et il tente depuis des années de détruire les installations nucléaires iraniennes. Pourrait-il le faire sans appui américain? C’est possible. Cependant, les risques d’une telle attaque sont extrêmement élevés. Trop.

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