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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Israël accuse Macron d’être en «croisade contre l’État juif»

AFP
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2025-05-30T17:11:40Z
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En lançant un appel à «durcir la position» contre Israël s’il ne desserre pas son étau sur la bande de Gaza, le président français Emmanuel Macron a provoqué une nouvelle fois vendredi l’ire d’Israël qui l’a accusé d’être en «croisade contre l’État juif». 

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Lors d’une conférence de presse à Singapour, il a affirmé que les Européens devaient «durcir la position collective» contre Israël «s’il n’y a pas une réponse qui est à la hauteur de la situation humanitaire qui est apportée dans les prochaines heures et les prochains jours» dans la bande de Gaza, dévastée par 20 mois de guerre.

En ligne de mire, l’accord d’association entre l’Union européenne et Israël, qui va être réexaminé ainsi que l’application de sanctions.

«Nous devons durcir notre position parce que c’est aujourd’hui une nécessité, mais j’ai encore l’espoir que le gouvernement d’Israël infléchira la sienne et que nous aurons enfin une réponse humanitaire», a-t-il ajouté.

Dans l’enclave palestinienne, la situation humanitaire reste désastreuse même si les livraisons d’aide ont partiellement repris dans le territoire après un blocus de deux mois et demi imposé par Israël, dans le but affiché de prendre le contrôle de la totalité de la bande de Gaza, d’anéantir le Hamas et de libérer les derniers otages enlevés lors de l’attaque du 7 — octobre.

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Si les Occidentaux «abandonnent Gaza» et «laissent faire Israël», ils risquent de «perdre toute crédibilité à l’égard du reste du monde», a ensuite mis en garde Emmanuel Macron dans un discours devant le forum sur la défense Shangri-La Dialogue à Singapour.

«Il n’y a pas de blocus humanitaire. C’est un mensonge flagrant», a rétorqué le ministère israélien des Affaires étrangères dans un communiqué.

Israël affirme avoir laissé passer plusieurs centaines de camions humanitaires depuis la levée partielle du blocus la semaine dernière.

«Devoir moral»

Le ministère des Affaires étrangères a accusé vendredi le président français d’être «en croisade contre l’État juif», fustigeant notamment la volonté de Paris de faire reconnaître un État palestinien.

«Au lieu de faire pression sur les terroristes jihadistes, Macron veut les récompenser en leur donnant un État palestinien. Il ne fait aucun doute que sa fête nationale sera le 7 octobre», a-t-il ajouté en référence au 7-octobre 2023, jour de l’attaque sans précédent du Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre à Gaza.

Macron a estimé vendredi que la reconnaissance d’un État palestinien n’était «pas simplement un devoir moral, mais une exigence politique».

Le chef de l’État français n’a pas dit clairement s’il reconnaîtrait un État palestinien à l’occasion d’une conférence internationale sur la solution dite à deux États, israélien et palestinien, à l’ONU, à New York, coprésidée par la France et l’Arabie saoudite et à laquelle il participera le 18 juin.

Il a toutefois énuméré des conditions à une telle reconnaissance : «libération des otages» détenus par le Hamas, «démilitarisation» du mouvement islamiste palestinien, sa «non-participation» à la gouvernance de cet État, une «réforme de l’Autorité palestinienne», la reconnaissance, par le futur État, d’Israël et de «son droit à vivre en sécurité», et la «création d’une architecture de sécurité dans toute la région».

Pour tenter de peser, la France, le Canada et la Grande-Bretagne se sont déjà dits lundi «déterminés à reconnaître un État palestinien en tant que contribution à la réalisation d’une solution à deux États» et «prêts à travailler avec d’autres à cette fin».

«Poubelle de l’histoire»

Pour Israël, il n’est pas question de laisser advenir un État palestinien en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967 et où il compte «construire l’État juif».

Marquant sa défiance, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, s’est rendu à l’avant-poste de colonisation de Sa-Nur, dans le nord de la Cisjordanie, au lendemain de l’annonce par le gouvernement israélien d’un projet majeur d’expansion de la colonisation juive en Cisjordanie.

«C’est (...) un message clair à Macron et à ses amis : ils reconnaîtront un État palestinien sur le papier, et nous construirons ici l’État juif israélien sur le terrain», a-t-il lancé : «Le papier sera jeté à la poubelle de l’histoire et l’État d’Israël prospérera et fleurira».

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