Manifestation: un investissement public dans les logements sociaux demandé

Geneviève Abran | 24 Heures
À l’aube d’un nouveau budget du gouvernement Legault, des centaines de manifestants se sont rassemblés au centre-ville de Montréal samedi après-midi afin de demander un meilleur investissement dans les logements sociaux, mais surtout, que ce secteur ne soit pas laissé entre les mains du secteur privé.
Les manifestants se sont rejoints à la place Norman-Bethune en début d’après-midi, avant de défiler jusqu’au bureau montréalais du premier ministre du Québec François Legault, via la rue Sainte-Catherine.
Une fois sur place, des manifestants ont déposé des meubles devant l’entrée. «On se loge chez toi aujourd’hui», a dit l’une d’elle, comme si elle d’adressait au premier ministre.

Le privé, une solution?
Un nouveau programme, qui vise à remplacer le programme AccèsLogis délaissé par le gouvernement Legault, inquiète plusieurs manifestants présents. Instauré dans les années 1990, AccèsLogis subventionnait la construction de logements sociaux.
«Si le privé souhaite investir en logement, c’est une très bonne chose. Faudrait être de très mauvaise foi pour refuser ces investissements», reconnait le co-porte-parole de Québec solidaire Gabriel Nadeau-Dubois. Toutefois, le rôle du gouvernement doit être de financer le logement public à but non lucratif, ajoute-t-il.
«Le programme Accès Logis, c’était ça sa mission. Ce à quoi on assiste en ce moment c’est à une privatisation en douce du modèle de financement du logement social au Québec», dénonce le député de Gouin.
Le FRAPRU critique que ce nouveau programme favorisera les investissements privés, ce qui va à l’encontre de l’objectif sociale des logements sociaux. Selon la porte-parole, les logements sociaux ont l’objectif d’offrir une plus grande sécurité, de contrer la gentrification en les maintenant dans leur milieu de vie et de protéger le tissu social.

«Si on investit des peanuts, on ne répondra pas à cette diversité de besoins», pense-t-elle.
Selon le député de Québec solidaire dans Laurier Dorion Andrés Fontecilla, ce nouveau programme implanté par la CAQ «ouvre les portes au privé [et] ne va pas régler les problèmes de logements des gens». Le responsable en matière de logement croit que le rôle du privé doit tout d'abord être de ne pas augmenter abusivement les loyers.
«Les investisseurs privés vont aller en fonction du profit et de l’intérêt personnel plutôt que l’intérêt de la population à faible revenu faible et modeste», craint Maude, qui travaille pour l’organisme Habitations communautaires Loggia, dans le quartier Rosemont.

Des investissements nécessaires
Le directeur de l’organisme En marge 12-17, qui héberge de façon urgente des mineurs, Tristan Delorme souhaite un meilleur accès au logements sociaux de soutien communautaire. «On voit beaucoup de jeunes de 16 à 22 ans qui ont besoin de soutien émotif et dans leurs démarches. On voit au jour le jour que c’est pertinent et on veut que ça continue», a-t-il dit lors de la manifestation.

«S’il n’y a pas d’investissements dans le logement maintenant, la situation va être de plus en plus catastrophique», s’inquiète la porte-parole du FRAPRU Véronique Laflamme, qui a organisé la manifestation.
Selon elle, la crise du logement rend inquiétant le sort des locataires à faible revenu. De plus en plus d’entre eux auraient à se rendre dans les banques alimentaires pour subsister à leurs besoins, alors que d’autres finissent dans la rue, indique-t-elle.
«Le premier ministre ne semble pas très préoccupé par les logements sociaux, mais il se doit de faire un investissement majeur dans le prochain budget», croit-elle.
Le FRAPRU demande au gouvernement de la CAQ d’intégrer la construction de 10 000 logements sociaux au travers le Québec, dont 4500 à Montréal, lors de son prochain budget.