Investissement controversé: le PQ s’adresse à la commissaire à l’éthique
Gabriel Côté
Le Parti québécois demande à la commissaire à l’éthique de «faire la lumière» sur l’aide financière de 50 millions $ versée par le gouvernement à une entreprise dont l’un des administrateurs est un proche de Pierre Fitzgibbon.
«Nous avons demandé à de nombreuses reprises que les décisions sur les prêts et subventions du [ministère de l’Économie et de l’Innovation (MEI)] soient transparentes et soient données en fonction de critères prédéterminés et objectifs, et non pas en fonction du pif et des préférences du ministre. Nous demandons à nouveau à la commissaire à l’éthique de faire la lumière sur cette histoire», a exprimé le député péquiste Joël Arseneau dans une déclaration écrite transmise à l’Agence QMI.ç
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Le Journal révélait lundi que le gouvernement du Québec a accordé une aide de 50 millions $ à LMPG, une entreprise dont l’un des administrateurs agissait comme mandataire de la fiducie sans droit de regard de Pierre Fitzgibbon, au moment où le ministre a «autorisé» l’aide à l’entreprise.

Selon M. Arseneau, il est important que Pierre Fitzgibbon comprenne que «la transparence n’est plus optionnelle», notamment en raison des nouvelles fonctions de super-ministre que François Legault lui a confiées.
Du déjà-vu, selon QS
Du côté de Québec solidaire, on se désole de «l’impression de déjà-vu» que dégage ce dossier. «Je sais que le ministre Fitzgibbon aime bien répéter qu’il connait tout le monde dans l’écosystème d’affaires au Québec, mais cela ne l’autorise pas à tourner les coins ronds, surtout lorsque ses amis sont impliqués dans des transactions avec des fonds publics», a déclaré le député Vincent Marissal.
Pour l’heure, les solidaires n’ont pas entrepris de démarche pour s’adresser à la commissaire à l’éthique et à la déontologie, mais ils n’excluent pas de le faire, a ajouté M. Marissal.
Pas d’enjeu éthique, croit Fitzgibbon
Selon Pierre Fitzgibbon, l’aide gouvernementale octroyée à LMPG ne pose pas d’enjeu éthique. En entrevue au micro de Philippe-Vincent Foisy lundi matin, le ministre a rappelé que l’administrateur de l’entreprise a quitté ses fonctions de fiduciaire au moment où l’investissement a été accordé à LMPQ, mais il a tenu à défendre la transaction en disant qu’elle aurait eu lieu de toute façon.
«C’est un beau dossier, c’est une belle société, et on peut être fier», a-t-il dit.
M. Fitzgibbon déplore un manque de compréhension «des garde-fous qui existent» chez les commentateurs politiques, et il soutient que «le processus est très rigoureux». Avant d’arriver sur son bureau, le dossier aurait été étudié par Investissement Québec et le Fonds de développement économique, a souligné le ministre.
«Il y a des gens qui pensent que je signe des chèques le lundi matin quand j’arrive au ministère. Ce n’est pas de même que ça marche», a-t-il soufflé.
À la question de savoir s’il ne devrait pas être particulièrement prudent pour éviter les apparences de conflit d’intérêt, M. Fitzgibbon a répondu que «c’est facile de porter critique quand tu n’es pas dedans», assurant que «le processus est très rigoureux». «Les façons de faire fonctionnent», a-t-il glissé.
Pour cette raison, le ministre n’exclut pas qu’il y ait «d’autres nouvelles comme ça» dans l’avenir.
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En catimini ?
Contrairement à leurs habitudes, le MEI et Investissement Québec (IQ) n’ont publié aucun communiqué pour annoncer la transaction de 50 millions $, malgré son importance. L’investissement n’apparait pas non plus dans le plus récent rapport annuel d’IQ.
Ce n’est pas que l’information a été dissimulée, a fait valoir Pierre Fitzgibbon, prétextant qu’Investissement Québec a été «très actif» dans les quatre dernières années.
«Des fois, ce ne sont pas toutes les entreprises qui veulent faire des annonces non plus. Les annonces, ce sont les entreprises qui décident, ce n’est pas le gouvernement», a dit le ministre.