«Intimidation» par Google: des dirigeants invités à s’expliquer au Parlement
Raphaël Pirro | Agence QMI
Frustrés par les tactiques d’«intimidation» de Google, les parlementaires du comité du Patrimoine invitent une brochette de dirigeants du mammouth technologique après qu’il a commencé à masquer du contenu journalistique à une partie de la population.
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Parmi les personnes invitées se trouvent Sundar Pichai, le président-directeur général de Google, Richard Gingras, le directeur des nouvelles chez Google, ainsi que Sabrina Geremia, vice-présidente et directrice de Google Canada.
Les élus réclament aussi «tous les courriels et messages textes», «internes ou externes», qui ont trait à la stratégie de rétorsion élaborée par Google, ainsi qu’une liste de toutes les entités médiatiques visées par la mesure.
Google est en croisade contre le projet de loi C-18 du gouvernement Trudeau, qui veut forcer les géants des technologies à reverser une partie des profits accumulés à partir du contenu journalistique sur la base d’accords entre les deux parties.
«Ce que fait Google nous laisse perplexes», a réagi le député du NPD Peter Julian, qui qualifie la stratégie d’«irresponsable».
L’idée de bloquer les sites de nouvelles a d’abord été utilisée comme moyen de pression en Australie, lorsque le pays a adopté une loi qui a servi de modèle de base au ministre du Patrimoine, Pablo Rodriguez.
«C’est quelque chose qui s’est certainement retourné contre eux», a dit M. Julian. «On a entendu plus de commentaires négatifs sur Google dans les derniers jours que pendant des années.»
Les élus sont conscients qu’une telle invitation risque très bien de tomber dans l’oreille d’un sourd. Appelé maintes fois à témoigner en comité, le PDG de Meta, Mark Zuckerberg, ne s’est jamais pointé devant les parlementaires.
«Je ne serais pas surpris que Google n’envoie que des représentants canadiens et n’envoie pas des personnes du siège social, où les décisions sont prises», a déclaré le libéral Anthony Housefather.
Selon le greffier du comité, le comité ne peut forcer des personnes à se présenter en comité, et encore moins des personnes à l’extérieur du Canada. Devant un refus de témoigner, le comité peut demander à la Chambre de décider des recours à prendre.
Le projet de loi C-18 est actuellement à l’étude au Sénat.
«C’est une compagnie qui n’a pas été particulièrement responsable, mais qui en même temps ne veut d’aucune réglementation», a lancé le député libéral Chris Bittle.