Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Politique

Intimidation envers les élus: un deuxième maire démissionne à Wickham en moins d’un mois

Photo courtoisie
Partager
Photo portrait de Geneviève Lajoie

Geneviève Lajoie

2023-04-13T15:43:04Z
Partager

Rien ne va plus dans la municipalité de Wickham: un deuxième maire démissionne en moins d’un mois en raison de l’intimidation qui règne envers les élus.  

• À lire aussi: Intimidés et menacés: des élus municipaux qui servent de «punching bag»

• À lire aussi: Un chef complotiste prêt à fermer ses réseaux sociaux

• À lire aussi: Intimidation des élus: une action collective s’impose

«L’intimidation envers les élus: ça doit cesser!» clame le maire suppléant Charles-Antoine Fauteux, dans sa lettre de démission, obtenue par notre Bureau parlementaire. 

Celui qui tenait les rênes de la municipalité de 3000 âmes de la MRC de Drummond depuis un peu plus de trois semaines a connu le même sort que son prédécesseur. L’ex-maire Ian Lacharité avait lui aussi jeté l’éponge après que sa famille a été victime d’intimidation et de menaces. 

«Aujourd’hui, c’est à mon tour d’être la cible d’une campagne de dénigrement et de harcèlement qui me vise personnellement, mais qui vise aussi mon employeur», déplore M. Fauteux, qui avait le «cœur gros» de devoir quitter ses fonctions. Comme bon nombre d’élus municipaux d’une petite ville, il exerçait sa charge de maire en sus de sa carrière principale. 

Ces évènements font suite à une décision du conseil municipal de fusionner le service incendie à celui de Drummondville, ce qui a déplu à certains citoyens. 

Publicité

«Si on peut discuter de tout, on doit cependant le faire dans le respect. Depuis quelques mois, cette ligne a malheureusement été franchie allègrement par une minorité de citoyens qui se livrent à de l’intimidation et à du harcèlement envers les élus. Ce groupe paralyse le bon fonctionnement de notre administration au détriment du bien commun de tous les résidents et les résidentes», insiste le maire suppléant démissionnaire, qui souhaite que son cri du cœur se rende jusqu’à Québec. 

Devant les «tactiques vicieuses» de certains citoyens, des plaintes formelles ont été déposées à la police, a fait savoir Charles-Antoine Fauteux. 

«Je souhaite que le gouvernement mette son pied à terre et dise que l’intimidation, ça suffit. Qu’il y ait des mesures d’engagement qui soient prises afin de protéger les élus de façon proactive», renchérit-il.  

  •  Écoutez la rencontre Montpetit–Déry diffusée chaque jour en direct 13h55 via QUB radio: 

Quel avenir pour la politique municipale?

Il s’inquiète de l’avenir de la politique municipale au Québec. «J’ai 30 ans, je faisais partie des jeunes, du renouveau du monde politique. Aujourd’hui, d’être la cible de ça, c’est impensable, je me dis: comment on va intéresser les jeunes à se présenter si on laisse des choses comme ça arriver? On ne peut pas, en tant que société, se permettre ça!» 

Publicité

La ministre Laforest «attristée»

«Attristée» d’apprendre la démission du maire suppléant de Wickham, la ministre Andrée Laforest a dénoncé l’intimidation et le harcèlement à l’égard des élus municipaux.   

«Ces gestes sont inacceptables et doivent cesser, a réagi la ministre des Affaires municipales. Nos élus sont dévoués, engagés. Ils ne méritent pas de se faire traiter ainsi». Elle a promis de nouvelles mesures sous peu pour sensibiliser la population à ce phénomène qui prend de l’ampleur.  

Cette histoire n’est pas sans rappeler la récente sortie publique de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), qui exhortait les décideurs à agir pour que les élus municipaux ne servent plus de «punching bag» à une partie de la population qui n’hésite plus à les intimider et à les menacer. 

Dans une lettre cosignée par une vingtaine d’élus municipaux, Jacques Demers, président de la FQM, donnait des exemples de pneus d’auto crevés, de lettres d’intimidation et même de menaces contre des enfants d’élus. 

Le fédéral doit légiférer

L’Union des municipalités du Québec (UMQ) s’inquiète aussi de la montée des cas depuis quelques années.

«Lorsque le maire suppléant démissionne pour les mêmes raisons que son prédécesseur, c’est la santé de notre démocratie qui est en jeu. Lorsqu’on s’engage pour servir notre population, lorsqu’on se donne corps et âme pour notre communauté, on ne peut pas accepter d’être intimidé ou de recevoir des menaces», a déclaré le président de l’UMQ et maire de Gaspé, Daniel Côté, par communiqué. 

Ce dernier demande d’ailleurs au gouvernement fédéral de légiférer rapidement pour contrer l’intimidation en ligne, comme le font d’autres pays. «C’est urgent pour nous. Je m’engage à rencontrer rapidement le ministre du Patrimoine canadien, l’honorable Pablo Rodriguez», a insisté M. Côté. 

Vous avez un scoop à nous transmettre?

Vous avez des informations à nous communiquer à propos de cette histoire?

Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?

Écrivez-nous à l'adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.

Publicité
Publicité