[EN VIDÉO] Violence à l’école: une femme de 21 ans exhibe une arme dans une polyvalente de Deux-Montagnes
Le conflit serait relié à de l’intimidation et du racisme

Frédérique Giguère
Une jeune femme de 21 ans a été arrêtée pour avoir agressé une adolescente et exhibé une arme à air comprimé devant une marée de jeunes dans une école secondaire de Deux-Montagnes, jeudi, dans ce qui a toutes les apparences d’une histoire d’intimidation et de racisme.
«Nous sommes intervenus rapidement à la demande de la direction de l’école», confirme l’inspecteur Jean-Philippe Labbé, responsable des enquêtes criminelles.

- Écoutez le segment faits divers avec Maxime Deland via QUB :
Lorsque les agents sont arrivés à la polyvalente Deux-Montagnes, située sur le chemin des Anciens, la jeune suspecte en question l’avait déjà quittée à bord d’une voiture. Elle fut arrêtée quelques heures plus tard, en soirée, devant sa résidence de Saint-Jérôme.

Pistolet à air comprimé
Elle a été interrogée par les enquêteurs une partie de la soirée, puis libérée avec une promesse de comparaître. Des accusations d’agression armée, de menaces et de possession d’arme dans un dessein dangereux pourraient être déposées contre elle.
«Elle a exprimé beaucoup de regrets, elle nous a raconté toute l’histoire et donné sa pleine collaboration», précise l’inspecteur Labbé. Peu de temps après, son père a amené l’arme en question au poste de police. Après vérifications, celle-ci s’est avérée être un pistolet à air comprimé.

«C’est pas possible de savoir si c’est une vraie arme ou pas dans un contexte comme ce qui s’est produit à l’école», explique le policier d’expérience. «C’est connu que les fabricants de pistolets à air comprimé ou à plomb font tout ce qu’ils peuvent pour que leur produit ressemble le plus possible à une vraie arme à feu.»
Pour «défendre» son amie
L’histoire a débuté sur l’heure du dîner, lorsqu’une première altercation a éclaté entre la victime et une camarade de classe.
«Elle a traité un autre élève noir d’esclave et a dit le “mot en n”», dénonce l’adolescente de 15 ans avec qui Le Journal s’est entretenu. Celle-ci a fini par frapper l’autre jeune fille dans le ventre.
- Est-ce possible d'empêcher cette montée de la violence armée chez nos jeunes? Benoit Dutrizac s'est entretenu avec Roselyne Mavungu, directrice du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence afin de répondre à la question.
Quelques heures plus tard, une amie de celle qui aurait tenu des propos racistes s’est présentée à la polyvalente avec une arme dans le but de «défendre» son amie qui avait reçu un coup au ventre. Il s’agit d’une femme de 21 ans sans antécédent judiciaire.
Une échauffourée a d’abord eu lieu entre elle et l’adolescente. Peu de temps après, la prévenue a sorti son arme, vraisemblablement afin de lui faire peur. Après l’avoir menacée et injuriée, elle a ensuite quitté les lieux.
Selon l’adolescente victime, la jeune femme de 21 ans lui proférait des menaces depuis environ deux semaines et affirmait connaître des membres de gang de rue de Montréal-Nord qui pourraient s’en prendre à elle.
Dans une brève déclaration rendue publique vendredi matin, le Centre de services scolaires des Mille-Îles a indiqué avoir agi rapidement afin de protéger les élèves.
«Après l’altercation, toute l’équipe-école s’est mobilisée pour encadrer l’ensemble des personnes impliquées dans la situation. Les enseignant.e.s et le personnel de soutien ont accueilli les questions et inquiétudes des élèves. Les suivis nécessaires seront faits sur la situation d’hier pour mieux comprendre les événements et éviter qu’une telle situation ne se reproduise.»
«C’est rendu banal pour eux»
Même s’ils ne savaient pas à ce moment-là s’il s’agissait d’une vraie arme à feu, de nombreux adolescents se sont entassés autour des deux protagonistes pour assister à la scène. Dans une vidéo diffusée sur la page Instagram wsclaval, on peut apercevoir des dizaines d’élèves, l’air plutôt calme, qui observent la chicane sans trop de craintes.
«C’est inquiétant de voir ça, lance André Gélinas, sergent-détective retraité de la police de Montréal. Leur réaction démontre qu’ils sont habitués à voir des armes, que c’est rendu banal pour eux. Ça nous en dit long sur la familiarisation de la jeunesse avec les armes.»
Selon lui, la situation aurait pu complètement dégénérer si les policiers étaient arrivés sur les lieux avant le départ de la jeune femme armée.
«Si elle n’avait pas obtempéré avec eux, elle aurait pu se faire tirer, parce qu’eux autres ne peuvent pas nécessairement savoir à distance s’il s’agit d’une vraie arme ou pas, dit-il. C’est vraiment jouer avec le feu.»
En entrevue à LCN, la présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement Josée Scalabrini a souligné que les enseignants ont constaté une augmentation de 64 % de la violence entre 2018 et 2022.
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