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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

Interdire Airbnb: une décision ridicule qui ne réglera pas la crise du logement

Photo Agence QMI, JOËL LEMAY
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Photo portrait de Isabelle Maréchal

Isabelle Maréchal

2025-02-01T05:00:00Z
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La mairesse Valérie Plante a promis de remettre des milliers de logements sur le marché locatif. Comment? En interdisant la location sur des plateformes comme Airbnb à Montréal. J’ignore où elle va puiser cette certitude. En quoi interdire à des propriétaires de louer leur résidence, sauf en été, va contribuer à régler la crise du logement? Soudainement, des milliers de logements seraient disponibles pour des locataires qui cherchent à se loger à prix abordable? C’est un non-sens absolu.

Il faut être vraiment dans le champ ou carrément de mauvaise foi pour attribuer la pénurie de logements à Airbnb. C’est se déresponsabiliser totalement de cette crise du logement qui touche désormais l’ensemble du Québec. Car pendant des années, les villes ont regardé leur tissu social s’effriter. Elles ont négligé d’investir en logement social. Elles ont laissé les promoteurs privés dicter les règles du jeu. Au lieu de réagir dans le bon sens, elles ont contribué au fardeau des propriétaires en augmentant leurs taxes foncières. Les proprios ont refilé une partie de la facture aux locataires. La pénurie de logements et la spéculation ont créé un cocktail explosif.

La cible parfaite

C’est facile de s’en prendre à Airbnb. C’est le parfait bouc émissaire. Avec sa loi 25 qui régit la location à court terme, Québec aurait pu se contenter de responsabiliser les plateformes et s’assurer que tous les loueurs aient un permis. Non. Il a fallu que le gouvernement Legault dépasse les bornes et impose sa bureaucratie aux petits propriétaires, qu’on menace d’amendes sévères. On parle de dizaines de milliers de dollars en cas de défaut. On a poussé le bouchon trop loin.

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Résultat: Beaucoup de gens ont décidé de ne plus louer. A-t-on plus de logements disponibles? Ben non. La crise sévit toujours, plus sévère chaque jour. On a juste appliqué une solution mur à mur sans réfléchir. Et on a enlevé une source de revenus à d’honnêtes citoyens qui ne peuvent plus disposer de leur bien.

Un travailleur culturel qui part à l’étranger un mois. Un retraité qui passe l’hiver en Floride. Un propriétaire de chalet qui le loue quelques semaines. Ces gens ne sont pas responsables de la crise du logement. Pourtant, ils se retrouvent pris dans un labyrinthe administratif, sous la coupe de Revenu Québec. Certains préfèrent garder leur logement vide plutôt que de le louer à long terme.

Pas de pitié pour les fraudeurs

Le vrai problème, ce sont les investisseurs sans vergogne qui transforment des blocs entiers en hôtels clandestins, sans fenêtres, où des locataires risquent d’y laisser leur peau. Des bandits qui utilisent des prête-noms ou qui changent d’identité. Ces fraudeurs se fichent de la sécurité des lieux. Ils sont là pour la piastre. Ils font flamber les prix et s’enrichissent sur le dos des autres. Ce sont eux qu’il faut cibler en y mettant les ressources nécessaires.

Nombreux sont ceux qui applaudissent les interdictions de louer sur les plateformes comme Airbnb. Et qui réservent quoi lorsqu’ils voyagent? Un Airbnb à Paris, Barcelone ou New York! Ici, on interdit, mais ailleurs, on trouve ça bien normal d’en profiter.

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