Interdire Airbnb: Caroline Proulx rabroue Valérie Plante
La ministre du Tourisme accuse la mairesse de Montréal de chercher un coupable à sa propre inaction en matière de logement

Marc-André Gagnon
Interdire Airbnb sur tout le territoire de la métropole, sauf en été, risque de nuire à la réputation de Montréal, craint la ministre du Tourisme Caroline Proulx, qui accuse la mairesse Valérie Plante de chercher un coupable à sa propre inaction.
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Comme le rapportait Le Journal dans son édition de jeudi, l’administration Plante entend donner un grand coup contre l’hébergement touristique illégal, en bannissant les locations de type Airbnb dans les résidences montréalaises, de septembre à juin.
La Ville de Montréal prévoit aussi augmenter le nombre d’inspecteurs pour mettre à l’amende ceux qui louent leur résidence sans permis valide, et en dehors de la période autorisée qui sera du 10 juin au 10 septembre uniquement.
Selon la ministre du Tourisme Caroline Proulx, Mme Plante «aurait dû augmenter le nombre d’inspecteurs sur le territoire de la Ville de Montréal» bien avant, au lieu d’opter pour une interdiction.
Celle qui a fait adopter il y a deux ans une nouvelle loi pour lutter contre l’hébergement touristique illégal, notamment dans la foulée d’un incendie qui a coûté la vie à sept personnes dans le Vieux-Montréal, prédit un retour au «far web» si la mairesse de Montréal garde le cap.
«Ça va nuire à nos efforts», croit Mme Proulx. «Moi, je pense que ça va avoir l’effet inverse. [...] Ça met à risque la réputation de la Ville de Montréal, ça met à risque les touristes», a continué la ministre.
«Valérie Plante cherche un coupable pour son inaction à monter du logement», a lâché Mme Proulx, en ciblant la mairesse, qui la semaine dernière, s'est attaquée au gouvernement caquiste dans une sortie virulente sur la crise de l'itinérance.
Québec solidaire croit au contraire qu’il s’agit d’une « très bonne décision de la Ville de Montréal, qui fait face à une inaction de la part du gouvernement du Québec».
«On sait qu'il y a une explosion d'Airbnb un peu partout à travers le Québec, en particulier à Montréal. Ça fait une ponction du parc locatif qui est destinée à d'autres fins que de loger des ménages du Québec», a réagi le député et porte-parole de QS en matière de logement, Andrés Fontecilla.
5 millions $ en amendes par année
Depuis l'entrée en vigueur des nouvelles dispositions de la loi sur l'hébergement touristique, en septembre 2023, les hôtes qui affichent un logement sur des plateformes comme Airbnb ou Vrbo doivent obligatoirement afficher leur numéro d'inscription auprès de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ).
Des reportages dans les médias ont toutefois démontré dans les derniers mois que certains utilisent de faux numéros. Comme prévu par loi, un registre public permettant aux internautes de s'assurer de sa validité des numéros d'inscription a été mis en ligne en décembre dernier.
La ministre Proulx s’était alors félicitée de voir que des amendes totalisant près de 5 millions $ ont été distribuées en 2023-2024.
Il s’agit toutefois d’un montant inférieur aux 5,5 millions $ récoltés en 2022-2023, selon les données publiées sur le site de Revenu Québec.