Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Interdiction des cellulaires à l’école: détrônons complètement l’écran-roi

Photo MARTIN ALARIE
Partager
Photo portrait de Shophika Vaithyanathasarma

Shophika Vaithyanathasarma

2025-04-23T19:30:00Z
Partager

Une élève m’avait confié que son téléphone la rassurait, surtout à son arrivée dans une nouvelle école, sans amis. L’école appliquait une politique zéro cellulaire, ce qui a rendu son adaptation un peu difficile. Même si elle comprenait l’interdiction en classe, elle aurait aimé y avoir accès pendant les pauses.

C’est humain de chercher un repère dans l’inconnu. Mais ces repères ne peuvent pas devenir des murs.

Le rapport préliminaire de la commission suggère une mise en œuvre uniforme d’une interdiction totale des cellulaires jusqu’à la fin des cours et sur le terrain. Et ce, dès la prochaine rentrée scolaire.

Une mesure structurante, mais qui appelle à une mise en œuvre réfléchie.

Attention: interdire ne suffira pas.

Les parents et le soutien aux écoles

Les défis ne sont pas seulement dans l’interdiction, mais dans son application, sur le terrain, dans les écoles, avec les ressources qu’on donne – ou pas – aux acteurs de première ligne. Les enseignants, les directions, les intervenants: ce sont eux qui porteront cette mesure. Ne faisons pas de cette mesure un fardeau de plus. Montrons-leur qu’ils ne sont pas seuls.

L’organisme CIEL effectue un travail exceptionnel pour informer tant les jeunes que les équipes-écoles au sujet du bien-être numérique. Du côté des parents, plusieurs expriment déjà leur appui à une interdiction de cellulaire, ce qui allégera la pression sur les directions. Un mouvement de parents chez nos voisins américains, Phone-Free Schools, présente des ressources en français tant pour clarifier les politiques scolaires que pour accompagner les parents.

Publicité

L’auteur célèbre du livre The Anxious Generation partage sur Substack des réflexions, parfois avec peu de nuances, et des analyses sur ces enjeux. Ce contenu peut contribuer à nos réflexions!

Le politique

En 2024, rappelons que le ministre québécois de l’Éducation, Bernard Drainville, avait déjà interdit l’usage des cellulaires en classe. Aujourd’hui, il adopte une approche prudente: plutôt que d’imposer une interdiction mur à mur, il prend le temps d’écouter, de peser le pour et le contre et d’annoncer rapidement des orientations claires pour l’ensemble du réseau, qui est déjà en pleine préparation de la rentrée 2025-2026.

Plusieurs écoles ont déjà pris les devants avec des politiques censées, réfléchies et adaptées, desquelles le ministre Drainville pourra s’inspirer afin d’assurer une mise en œuvre efficace à travers le réseau. Je pense notamment à l’école secondaire d’Oka ou encore à l’école secondaire Cité-des-Jeunes, qui avait interdit le cellulaire pendant les cours et les pauses.

Plus d’amis, moins de conflits, plus de vie. C’est aussi ça, l’école. Un lieu de socialisation, pas une zone wi-fi à ciel ouvert.

Notons aussi que le SPVM salue l’interdiction en rappelant que plusieurs cas d’intimidation et de cyberharcèlement qui se poursuivent en dehors des murs d’école prennent racine à l’intérieur de ces murs. Ce sera un sujet incontournable à aborder lors des conclusions du rapport...

Dans tous les cas, si nous allons vers une interdiction totale, il faudra s’assurer que cette mesure ne sera pas vue comme punitive auprès de nos jeunes.

Et, de grâce, que les enseignants ne soient pas laissés seuls pour expliquer ça aux jeunes. Ce n’est pas qu’un sujet de cours.

C’est une conversation qu’on doit avoir partout.

Publicité
Publicité