Interdiction du cellulaire à l’école: les jeunes sont déçus
Une décision qui ne fait pas l’unanimité

Marianne Langlois
L’interdiction du cellulaire dans les écoles primaires et secondaires crée une vague de consternation chez plusieurs élèves qui ont déjà énormément de questions concernant cette nouvelle mesure qui entrera en vigueur dès l’automne.
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«Ne pas avoir accès à son cellulaire en classe, je suis 100% d’accord avec ça pour demeurer concentrée. En revanche, c’est exagéré de ne pas y avoir droit pendant les pauses», déplore Hiba Mchich, une élève de 17 ans qui étudie à l’école Jeanne-Mance, à Montréal.

Dès septembre, il sera interdit à tous les élèves du primaire ainsi que du secondaire d’accéder à leur cellulaire à l’école et plusieurs d’entre eux sont inquiets.
«Je me demande comment ils vont gérer la situation... Moi, en plus, je suis dyslexique-dysorthographique donc j’utilise mon cellulaire comme un outil d’apprentissage», dénonce Daphné Benard, une élève de 16 ans.
«Souvent, nos professeurs mettent des notes en ligne et on y a accès tout de suite sur nos appareils. Même chose pour le réseau social Pinterest par exemple; on s’en inspire pour nos projets d’arts plastiques», explique Léa Madani, 17 ans, qui va aussi à l’école Jeanne-Mance.

De nombreux jeunes rencontrés par Le Journal ont mentionné «être déçus» de cette mesure restrictive, puisqu’ils utilisent aussi leur cellulaire pour planifier leurs déplacements en autobus, pour communiquer avec leurs parents ou encore pour écouter de la musique.
«C’est certain qu’en classe, ça va nous permettre d’être mieux concentrés et d’être plus efficaces, mais les gens ne seront pas contents», ajoute Lou Dolivet, elle aussi âgée de 17 ans.
Même son de cloche du côté de l’école secondaire de Rochebelle, à Québec.
«C’est une mauvaise nouvelle, on va être en secondaire cinq l’an prochain, on va vouloir prendre des photos pour se faire des souvenirs, mais on ne pourra pas», explique Ariane, une élève de 4e secondaire qui a préféré taire son nom de famille.
Pour d’autres, c’est l’occasion d’être davantage dans l’instant présent.
«On est plus avec nos amis, c’est sûr. Quand on avait nos cells, dès qu’on avait une notification, on la regardait avant de passer du temps avec nos amis», commente Jeanne, âgée de 13 ans, qui étudie également à l’école de Rochebelle, où les cellulaires sont interdits pour les plus jeunes depuis la rentrée.
Impact positif
Pour Michel Pellerin, enseignant remplaçant au primaire à Drummondville, c’est une excellente nouvelle.
«Enfin! Je suis totalement d’accord avec cette mesure. Personnellement, je l’interdisais déjà en classe parce qu’il y a des élèves qui regardent leur cellulaire plutôt que d’écouter», mentionne-t-il.
Au-delà des nombreux aspects positifs pour la socialisation, pour la concentration et pour la santé mentale, la professeure titulaire en psychoéducation à l’Université de Montréal Linda Pagani croit que l’initiative pourrait en inspirer d’autres à emboîter le pas.
«Je crois que c’est une opportunité pour le Québec de devenir chef de file en la matière en démontrant que c’est possible de le faire et que ça apporte beaucoup de positif», s’est-elle exclamée.
– Avec Daphnée Dion-Viens
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