Intelligence artificielle en santé: des fonds publics investis sans vrais résultats, selon l’IRIS

Agence QMI
Les projets privés pour l’intelligence artificielle en santé obtiendraient plus de financement public, mais ne permettraient pas de répondre aux problèmes actuels dans le domaine, selon une étude de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
La chercheuse Myriam Lavoie-Moore a analysé 312 projets d’IA qui ont obtenu du financement public. Sur ce total, «seule une poignée d’entreprises» ont profité de ces subventions depuis 2018 et la majorité est des projets de recherche privés à but lucratif.
Les compagnies privées recevraient d’ailleurs près de 1,97 million $ de Québec, contre 70 000$ en moyenne pour chaque projet public.
L’auteure de l’étude a notamment pris l’exemple du consortium MEDTEQ, qui gère une grande partie des fonds destinés à l’IA. S’il aurait reçu plus de 63 millions $ de l’État, seulement un financement de 8,68 millions $ a été rendu public.
«Cette opacité soulève des questions dans un contexte où quatre des entreprises les plus financées en IA sont représentées sur le conseil d'administration de MEDTEQ. On parle sans cesse des enjeux éthiques en IA. Il existe pourtant des angles morts importants lorsqu’il est question de son financement», a souligné Mme Lavoie-Moore.
Pas d’amélioration
Selon elle, le problème serait surtout que les technologies développées par le secteur privé ne viennent pas en aide au réseau de la santé.
«Les demandes d’accès à l’information révèlent que l’automatisation de l’analyse d’imagerie médicale, l’une des technologies phares de l’industrie de l’IA, n'améliore en rien l’accès aux consultations ni le traitement post-diagnostic», a-t-il été expliqué.
Pour Mme Lavoie-Moore, Québec devrait mieux contrôler les budgets d’innovation en santé et laisser le personnel du domaine participer au choix et à l’élaboration des technologies implantées.
«Il faut revoir complètement par qui et pour qui ces technologies sont créées», a insisté la chercheuse.