Instagram est un «produit défectueux»: les parents de deux ados victimes de sextorsion poursuivent Meta

Les parents de deux adolescents qui se sont enlevé la vie après avoir été victimes de sextorsion sur Instagram ont déposé une poursuite contre sa société mère, Meta, l’accusant d’avoir «priorisé le profit» au lieu de corriger son «produit défectueux».  

«Le pire qui pouvait nous arriver s'est produit. Meta ne peut rien faire de pire que ce qui s'est passé, alors nous sommes prêts à nous battre. Nous irons aussi loin que possible», a martelé Ros Dowey, la mère du jeune écossais Murray Dowey, qui a mis fin à ses jours en décembre 2023, en entrevue avec la BBC. 

Mercredi, ses parents ont intenté une action en justice contre Meta devant un tribunal américain avec le Centre juridique pour les victimes des médias sociaux (SMVLC) pour réclamer des dommages et intérêts punitifs, en alléguant qu’Instagram ne serait pas un environnement sécuritaire. 

Pour ce faire, ils ont rallié leur voix à celle de Tricia Maciejewski, dont le fils Levi Maciejewski s’est enlevé la vie l’an dernier à 13 ans, moins de 48 heures après l’ouverture de son compte sur Instagram, après avoir été à son tour victime de sextorsion. 

Car, selon leurs avocats, Meta était «parfaitement conscient de ce phénomène d’extorsion» et «connaissait l’existence de dispositifs de sécurité qui auraient empêché le chantage sexuel» avant la mort des garçons, mais aurait plutôt «privilégié le profit à la sécurité des jeunes», a relevé le média britannique.

Pire encore, la plateforme aurait facilité la mise «en relation des enfants et des prédateurs adultes», alléguerait la poursuite, a indiqué à son tour NBC News. 

La compagnie, qui savait que son produit était «défectueux», aurait ainsi fait preuve de négligence en ne traitant pas le problème de sextorsion sur ses plateformes depuis des années, ont poursuivi les avocats, selon le média américain.

Pour la mère de Levi, Instagram devrait être traité comme n’importe quel autre produit défectueux, comme les sièges pour enfants, les pièces automobiles ou les jouets. 

«Il y a toujours un rappel immédiat, n'est-ce pas? C'est partout visible, et les parents ne vont pas installer leur enfant dans ce siège en sachant qu'il existe la moindre chance que ça puisse lui être préjudiciable», a-t-elle martelé à NBC News. 

S’il s’agit de la première poursuite de la sorte déposée depuis le Royaume-Uni, Meta ferait face à au moins quatre autres poursuites liées à l'extorsion sexuelle, selon NBC News. 

Par communiqué mercredi, la compagnie n’a pas répondu directement aux accusations, mais a indiqué lutter contre l’extorsion sexuelle «sur nos applications sur plusieurs fronts», en plus de «soutenir les forces de l’ordre». 

Meta a également indiqué avoir instauré des comptes privés pour les adolescents de moins de 16 ans depuis 2021, qui empêcheraient les comptes suspects de suivre les adolescents et limiteraient les recommandations de contacts, en plus de flouter les images potentiellement sensibles et d’émettre des avertissements lors d’une discussion avec quelqu’un à l’étranger.