Elle retrouve le goût de vivre dans une pourvoirie de la Mauricie: voici le récit de la romancière Laure Manel, inspirée d'un voyage marquant au Québec
Marie-France Bornais
Inspirée par un voyage d’une dizaine de jours au Québec, l’écrivaine française à succès, Laure Manel, publie ce printemps un roman touchant qui rend hommage à la beauté du territoire québécois et à la gentillesse des gens d’ici: Nos étoiles filantes. Elle y raconte l’histoire touchante de Fanny, unique survivante d’un accident de voiture dans lequel son futur mari et deux de ses amis sont morts. Dans une pourvoirie de la Mauricie, loin du bourdonnement des grandes villes, elle reprend goût à la vie, dans sa cabane en bois rond, au bord d’un lac.
Pour honorer la mémoire d’Hadrien qui rêvait de s’établir au Canada, Fanny organise un mariage posthume puis traverse l’Atlantique. Elle s’installe à Montréal, tentant tant bien que mal de trouver ses repères et de se rapiécer. Un jour, elle décide qu’elle en a assez de la ville et part pour la Mauricie, où ses amis lui ont recommandé une petite pourvoirie gérée par une famille sympathique.
Fanny affronte ses peurs et part s’installer à la Pourvoirie du Castor, où elle se lie d’amitié avec les membres de la famille Fournier. À leurs côtés, elle se détend un peu plus, s’implique dans l’entreprise et se lie d’amitié avec un écrivain qui est aussi historien.
Elle entreprend une thérapie EMDR avec un psychologue de Shawinigan pour apprivoiser le trouble de stress post-traumatique et le syndrome de la survivante qui la hantent jour et nuit. Entre une promenade en forêt, la préparation des repas, le soutien apporté aux Fournier, une sortie en motoneige et une escapade à Québec ou à Tadoussac, lentement, elle guérit.
Un super voyage au Québec
Laure Manel a passé une dizaine de jours au Québec, en 2023. Son roman est truffé de mots et d’expressions colorées et bien de chez nous. «J’ai fait des recherches sur internet, j’ai lu des romans. Je m’étais fait toute une liste d’expressions ou de mots», dit-elle en entrevue.
Le déclic pour le roman est survenu dans une pourvoirie, près de Rimouski: «J’étais au bord d’un lac. Il y avait des chalets en face, sur la rive. Tout de suite, j’étais tellement absorbée par le paysage.... C’était au moment de l’été indien».
«J’ai imaginé une Française qui serait arrivée là pour se ressourcer et se reconstruire. Je n’avais pas eu trop le reste de l’histoire à ce moment-là, mais oui, c’est là que l’idée est arrivée. Je suis repartie du Québec et j’avais mon idée, alors que je n’y suis pas allée en vue d’écrire un roman. C’est la magie des choses, des fois!»
Laure Manel est allée dans tous les lieux dont elle parle dans le roman. Elle a même fait un petit tour en hydravion partant du Lac-à-la-Tortue. «J’ai vu le parc national du Mont-Tremblant, Charlevoix, La Malbaie, Tadoussac. Et les baleines dont je parle, c’est celles que j’ai vues avec mon fils!»
Elle a visité le parc national du Bic, le fjord du Saguenay, un peu Montréal, un peu Québec: «On n’a pas traîné!». La pourvoirie du Castor, en Mauricie, est inventée... mais inspirée de la Pourvoirie Valga de Saint-Gabriel-de-Rimouski où elle a séjourné.
Trouble de stress post-traumatique
Au-delà de ces escapades en terre québécoise, Laure Manel aborde des thèmes liés à la santé mentale, comme la dépression post-partum, le trouble de stress post-traumatique, la lente reconstruction après un trauma.
«Le deuil, c’est un thème que j’avais déjà traité dans deux de mes romans. Là, je voulais aborder le thème du trouble du stress post-traumatique et notamment la culpabilité du survivant.»
«Comme je voulais un personnage qui arrivait au Québec pour se ressourcer, je voulais qu’il ait vécu quelque chose de difficile, voire de dramatique», ajoute-t-elle. D’où l’idée d’une tragédie routière vécue en France par Fanny: «Je trouvais intéressant qu’elle soit dans la voiture: elle a vu et vécu des choses hyper-difficiles».
«En plus du deuil qu’elle a à faire de son mari et de ses amis, elle a la culpabilité d’avoir survécu et l’incompréhension de dire: “Pourquoi moi j’ai été sauvée et pas les autres? Pourquoi moi, je suis en vie?”. Elle n’a plus le goût à la vie et je trouvais intéressant de traiter de tout ça.»
Nos étoiles filantes
Laure Manel
Éditions Michel Lafon
432 pages
- Après le succès de La Délicatesse du homard et La Mélodie du kangourou, Laure Manel a quitté sa carrière en enseignement pour se consacrer à l’écriture à temps plein.
- On lui doit plusieurs autres livres à succès, dont Cinq cœurs en sursis.
- Elle aimerait bien revenir au Québec, participer à des salons du livre et rencontrer ses lecteurs.
«Fanny a pris ses habitudes, de son côté. Elle aime passer du temps dans sa cabane, lire assise sur sa terrasse, rester à contempler le paysage depuis son ponton. Elle n’a pas utilisé son bateau à moteur. De toute façon, elle ne sait pas pêcher. Et elle n’en a pas envie. Félix lui a dit qu’il y avait des truites arc-en-ciel, mais il ne l’a pas convaincue. Elle a fait du canot par deux fois. Une autre façon de découvrir son lac. Elle part en promenade chaque jour où le temps le permet, le long des sentiers pédestres aménagés dans le domaine. C’est si vaste...»
- Laure Manel, Nos étoiles filantes, Éditions Michel Lafon
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