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L'article provient de TVA Nouvelles
Société

Insécurité dans le métro: peur et inconfort au quotidien

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Désiré Kafunda

2024-04-07T11:00:00Z
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La multiplication d'événements violents dans le métro de Montréal accentue le sentiment d'insécurité, tant chez les usagers que chez les constables spéciaux, qui sont là pour assurer la sécurité du sous-terrain. 

«On fait face à beaucoup de violence. Tous les jours, j’ai un agent ou deux qui se blessent à différents niveaux à cause des interventions», a expliqué Kevin Grenier, qui est constable spécial de la Société de transport de Montréal (STM) depuis 2008 et qui estime que la situation dans le métro est «préoccupante». 

  • Écoutez l'éditorial d’actualité de Yasmine Abdelfadel via QUB :

«Le sentiment de sécurité, il est gravement affecté. [Le président du conseil d'administration de la Société de transport de Montréal] M. Caldwell est sorti publiquement la semaine passée et a reconnu un problème de sécurité, puis que le financement dans la sécurité est une priorité numéro un», a ajouté Kevin Grenier, qui est aussi président de la Fraternité des constables et agents de la paix de la STM, affiliée à la CSN.

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«Des histoires difficiles, de la misère humaine on en vit à tous les jours, à tous les quarts de travail. Ça fait plusieurs années, surtout depuis le début de la pandémie, qu’il y a un problème d’itinérance à Montréal. Il y a beaucoup de personnes vulnérables qu’on aide», a-t-il souligné.

Appels en augmentation

Le nombre d’appels auxquels répondent les constables spéciaux ne cesse d’augmenter. Il est passé de 42 000 en 2022 à 47 800 en 2023. La barre des 18 200 appels a déjà été atteinte cette année. 

Les usagers eux sont confrontés à ce quotidien difficile et vivent des moments pour le moins désagréables. L'Agence QMI s'est entretenue avec des passants qui déplorent que la Société de transport de Montréal ou le SPVM n'agissent pas davantage pour contrer le problème.

Photo fournie par Kevin Grenier
Photo fournie par Kevin Grenier

Bagarre «traumatisante» 

Sarah Plante, une étudiante de l’UQAM, a assisté à une violente bagarre dans le métro. «Je revenais d’un match des Alouettes. J’ai pris le métro pour rentrer chez moi [...]. Ça a commencé avec beaucoup d’engueulades. Moi je suis vraiment allée dans le fond parce que je ne voulais pas me retrouver au milieu de la bataille. C’était à mains nues, il n’y avait pas d’armes qui ont été utilisées», a-t-elle raconté. 

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«Il y a des gens qui ont filmé. Il y en a qui ont appelé la police. Le métro a été retardé. C’était quand même traumatisant comme expérience. Surtout si c’est la première fois que quelqu’un va dans le métro à Montréal. Il ne voudra pas le reprendre», a-t-elle ajouté.

Photo Agence QMI, DÉSIRÉ KAFUNDA
Photo Agence QMI, DÉSIRÉ KAFUNDA

«Harcelée» à plusieurs reprises

Berfina Ozdemir dit avoir été harcelée dans le métro à plusieurs reprises. 

«Une personne qui me harcelait pour me parler m’a suivie de Longueuil jusqu’à la station Saint-Michel. Il m’a harcelée pour avoir mon contact. Finalement, je le lui ai donné, et après je l’ai bloqué parce qu’il n’allait pas me lâcher», a-t-elle confié.

Photo Agence QMI, DÉSIRÉ KAFUNDA
Photo Agence QMI, DÉSIRÉ KAFUNDA

Des tensions avec certains itinérants 

Gonul Tetik se rappelle une expérience traumatisante vécue avec un itinérant. «Il s’est assis à côté de moi. Il m’a frappée avec un sac de chips. Il s’est ensuite levé et a essayé de me jeter les croustilles dessus. J’ai eu peur», a-elle expliqué. 

Afolabi Fadel se souvient aussi d’une expérience épeurante semblable. «Un itinérant s’est approché de moi pour que je lui donne quelques sous. Je n’en avais pas et il a commencé à se montrer vraiment agressif. J’ai eu un peu peur. J’ai changé de place. Je suis allé dans le fond», a-t-il avoué.

Où est la sécurité? 

Les usagers du métro rencontrés par l’Agence QMI disent pour la plupart souhaiter un plus grand nombre de constables spéciaux dans le métro.

«Dans chaque métro, il devrait y avoir comme un ou deux agents de sécurité à l’intérieur. Comme ça on peut leur dire ce qui ne va pas. Lors de mon incident, il n’y avait personne», a lancé Gonul Tetik. 

«Souvent je les vois, mais pas tout le temps. Ils doivent être là pour assurer la sécurité parce que c’est leur rôle», a ajouté quant à lui Afolabi Fadel. 

«S’ils étaient plus présents, le monde se sentirait plus en sécurité que présentement», a affirmé de son côté Daniel Robidoux. 

L’importance de dénoncer

Kevin Grenier rappelle aux usagers qu’une dénonciation peut mieux orienter les constables spéciaux dans leurs actions.

«On aimerait qu’il y ait plus de dénonciations. Avec les dénonciations, on va pouvoir revoir nos déploiements de ressources. S’il n’y a pas de dénonciation, on se fie juste à notre perception», a-t-il avisé.

Le constable affirme tout de même bien comprendre la perception du public face à la sécurité dans le métro.

«On couvre tout le réseau avec 160 agents sur trois quarts de travail et deux relèves. C’est normal qu’ils ne nous voient pas toujours. Je comprends leur perception, a-t-il souligné. L’idéal ce serait qu’on soit présents dans chaque station, mais ce n’est pas le cas malheureusement», a-t-il assuré.

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