Insalubrité morbide: ce qu'il faut savoir du syndrome de Diogène


Alice Fournier
Des images d'un logement d'une insalubrité extrême ont fait réagir à la suite d'un reportage dans Le Journal. Les personnes qui en arrivent à vivre dans ces conditions sont souvent atteintes du syndrome de Diogène, un trouble de négligence qui pousse les gens à accumuler des objets de manière maladive. Voici ce qu'il faut savoir sur la condition peu connue.
Des montagnes de déchets, des mégots par terre, des besoins humains faits à même le sol, de la nourriture pourrie... La propriétaire du logement en Montérégie a découvert horrifiée comment son locataire vivait au quotidien.
Ce dernier n'a pas été confirmé comme touché par le syndrome de Diogène, bien que l'état de son milieu de vie ressemble fortement à l'extrême auquel les personnes atteintes peuvent arriver.
Les personnes souffrant du syndrome de Diogène ne peuvent plus se séparer de leurs possessions, les accumulent de manière excessive maladive pour arriver à certains cas extrêmes, comme l’insalubrité morbide.
Elles ressentent une réelle souffrance à l’idée de se débarrasser d’objets, même s'ils n’ont aucune valeur. Ça peut être de la nourriture, des vêtements, des emballages, des sacs, des électros...
Vers l'isolement
Mais ça ne veut pas dire qu’elles ne se rendent pas compte de ce qu’elles font. S'il est parfois difficile pour elles d'identifier leurs actions, elles n'en ressentent pas moins les conséquences.
On parle souvent de sentiment de honte lié à ce comportement. Les personnes qui en souffrent s’isolent de plus en plus, sont même parfois menées à l’itinérance dans des cas extrêmes.
Au Québec, près de 3% de la population est touchée, 6% chez les aînés.
Le syndrome ressemble d'ailleurs étroitement au trouble d'accumulation compulsive (TAC), ou trouble d'accumulation et d'encombrement, un trouble de santé mentale reconnu. Dans le cas du TAC, la personne accumule même des objets non désirés.
Plusieurs organismes tirent la sonnette d’alarme parce qu’avec le vieillissement de la population, le rehaussement des normes de sécurité incendie ou encore la crise du logement, de plus en plus de cas sont relevés.
C’est un véritable enjeu, car ce trouble porte préjudice à la personne qui en souffre, mais aussi aux personnes qui l’entourent, aux intervenants... et ça prend beaucoup de ressources pour trouver de l’aide.
Des groupes comme Diogène Canada, le comité d'action pour le trouble d'accumulation compulsive (CATAC), la clinique communautaire de Pointe-Saint-Charles et bien d’autres sensibilisent les citoyens à ce sujet.