Le vol d’identité et la fraude bancaire au cœur d'un nouveau thriller fascinant

Marie-France Bornais
Avec le roman Insaisissable, version française de son best-seller You Can’t Catch Me, l’écrivaine montréalaise de renommée internationale Catherine McKenzie explore très habilement les thématiques de la fraude bancaire et du vol d’identité, sur un fond inquiétant de cultes religieux. Son thriller décapant, inspiré d’un fait vécu, met en scène une journaliste qui découvre qu’une autre femme portant le même nom qu’elle lui a volé son identité et a commis des fraudes. Alors qu’elle tente de la coincer, l’affaire prend une tournure inattendue.
Alors qu’elle attend son vol pour Puerto Vallarta au bar d’un aéroport, la journaliste Jessica Williams croise une femme qui porte le même nom qu’elle. Les deux voyageuses s’amusent de la coïncidence et échangent leurs coordonnées.
À son retour, la journaliste réalise qu’elle a été victime de vol dans son compte bancaire et que c’est l’autre Jessica, pourtant si sympathique, qui l’a dévalisée. Elle décide de retrouver l’arnaqueuse. En faisant ses recherches, elle découvre qu’il y a beaucoup de Jessica Williams en ce bas monde...
Catherine McKenzie s’est inspirée d’une mésaventure survenue à une de ses amies pour entamer l’écriture de ce nouveau roman.
« J’ai eu plusieurs flashs, tous liés autour de l’idée de l’identité. J’ai une amie qui a un nom très commun. J’ai voyagé souvent avec elle. Elle s’est fait arrêter aux frontières parce qu’on a découvert qu’il y avait une autre personne – un homme – qui portait le même nom qu’elle. Il avait la même date de naissance... et était recherché par la police ! » raconte-t-elle en entrevue.
« C’était clairement pas elle... mais ils n’avaient pas le pouvoir de la laisser passer au premier point d’inspection. Elle attendait parfois des heures... Le deuxième officier savait immédiatement que ce n’était pas elle parce qu’ils cherchaient un homme. »
Catherine McKenzie s’est dit qu’une personne qui a un nom très commun pouvait avoir l’idée de frauder des personnes qui ont le même nom.
« Aussi, j’ai rencontré quelqu’un qui a le même nom que moi, aux États-Unis. Même le deuxième prénom. Et on se ressemblait un peu. C’était vraiment bizarre ! J’ai beaucoup pensé à ça et j’ai voulu écrire un livre qui allait parler d’une arnaque. À un certain moment, tout s’est mis en place. »
Quitter le droit
Par ailleurs, en 2020, à l’âge de 46 ans, Catherine McKenzie a pris la décision de quitter la profession d’avocate. Un gros changement, en pleine pandémie ! « C’est moins de stress. Ça faisait 23 ans que je pratiquais le droit et j’avais le sentiment que j’avais tout fait ce que j’avais à faire et que ce serait juste de la répétition. »
« J’ai plaidé à la Cour suprême. J’ai fait des gros dossiers médiatisés. C’était une bonne profession et j’ai eu beaucoup de bonnes opportunités dans la vie. Mais j’ai passé la moitié de ma vie à faire la même chose. J’ai regardé vers l’avenir et j’ai décidé que je ne voulais pas passer les 23 prochaines années à faire ça. »
Une série télé
Trois ans plus tard, elle a le sentiment d’avoir pris la bonne décision.
« Ça a ouvert d’autres possibilités. Écrire un livre par année, c’est déjà beaucoup, mais j’avais beaucoup d’autres histoires à raconter et des ambitions pour écrire des films et des émissions de télévision et je n’avais pas le temps. »
Cette décision lui a donné le temps pour développer d’autres projets.
« Je viens de vendre une nouvelle série de livres qui va être adaptée à la télévision aux États-Unis. Et c’est moi qui vais écrire la première émission. Beaucoup de bonnes choses sont arrivées, qui n’étaient pas prévisibles, et j’ai le temps de me consacrer à 100 % à mon écriture. Ça fait la différence. »
♦ Catherine McKenzie est diplômée en histoire et en droit de l’Université McGill.
♦ Elle a pratiqué le droit jusqu’en 2020, l’année où elle a décidé de s’adonner à l’écriture à temps plein.
♦ Elle a publié une dizaine de romans, dont Ivresse, Sur mesure et Oubliée.
♦ Plusieurs de ses romans ont fait l’objet de discussions pour une adaptation en série télé.
EXTRAIT

« L’heure n’existe pas vraiment dans les aéroports ; il n’y a que le matin, puis le moment où on commence à boire. Je suis assis à un bar d’aéroport. Je trouve que ce sont des endroits déprimants, fréquentés par des gens dont le vol est retardé ou qui tuent le temps pendant une longue escale, peu importe l’excuse qu’ils se donnent pour boire en plein jour. »