Inondations et routes sectionnées dans Portneuf
La municipalité de Saint-Raymond particulièrement touchée
Vincent Desbiens et Martin Lavoie
Plusieurs routes bloquées et 365 résidences isolées, la météo n’a pas fait dans la dentelle à Saint-Raymond, au nord de la région de Portneuf, qui a reçu en quatre jours l’équivalent d’un mois de précipitations.
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La région de Portneuf a été fortement touchée par les pluies tombées de lundi à ce matin.
Sur sa page Facebook, la municipalité de Saint-Ubalde a annoncé avoir reçu 120 mm de pluie en 24 heures. Une demi-douzaine de routes ont été fermées.
Les municipalités de Saint-Thuribe et Saint-Casimir ont aussi été touchées, tout comme Saint-Adelphe et Lac-aux-Sables du côté de la MRC de Mékinak.
Plusieurs résidences ont dû être évacuées dans la Capitale-Nationale. On en compte 250 à Sainte-Brigitte-de-Laval, 100 à Stoneham et une trentaine dans les secteurs de Beauport et de Charlesbourg à Québec.
Du jamais vu
«Si c’était tombé en neige, on en aurait reçu huit pieds», lance Richard Thiboutot, mi-blagueur.

Comme bien d’autres Raymondois, la rupture d’un ponceau du rang du Nord près du chemin de la Rivière-Verte l’empêche de quitter son chalet.
«Mon père est arrivé ici en 1963 et je n’ai jamais vu ça. Il y a déjà eu un embâcle en 1981, qui avait fait monter l’eau sur la route, mais jamais en été. On a eu deux bonnes pluies ce matin entre, 1h et 2h30 puis entre 4h et 6h», a-t-il ajouté.

Toujours vert malgré ses 83 printemps, Laurien Moisan, qui habite le secteur depuis toujours, n’avait jamais vu un tel phénomène lui non plus.
«Vers 6h15 l’eau est montée tout d’un coup. Heureusement je reste sur une butte et je ne suis pas en danger», a raconté celui qui conduisait toujours des poids lourds il y a quatre ans.
Écoulement
Benoît Moisan évacuait pour sa part de l’eau de son sous-sol qu’il associait à la hausse de la nappe phréatique en raison des fortes pluies.
En effet, dans ce secteur les dégâts ne sont pas tous imputables au débordement de la rivière Sainte-Anne, mais pour beaucoup aux eaux de ruissellement.
«L’eau est arrivée à 10 cm de mon terrain. Je ne suis pas trop inquiète, mais l’eau des montagnes va maintenant s’en venir. Il mouillait si fort que j’ai fermé mes fenêtres durant la nuit», a révélé Agnès Riverin.
Conséquences
Toujours à Saint-Raymond, les eaux de ruissellement ont aussi emporté un ponceau sur le rang Saguenay où des accotements et portions de routes ont aussi été détruits à sept ou huit endroits. Le rang Saint-Mathias et le chemin de la Rivière-Verte sont aussi coupés.

Les caprices de la rivière Bras-du-Nord ont entraîné cet après-midi la fermeture de la route 367 près de la fromagerie Saputo. La Sainte-Anne, qui traverse le centre-ville, a forcé la fermeture de la route 354.
«Pour ces deux routes, nous avons des détours. On pense que la Sainte-Anne va continuer à monter pour atteindre un pic vers 18h», a estimé le maire de Saint-Raymond, Claude Duplain.
Par contre, il précise que plus de 365 chalets et maisons sont actuellement isolés.
Pas assez
Malgré tout, aucune évacuation n’a eu lieu dans la ville de 11 000 habitants, davantage habituée aux sautes d’humeur de la Sainte-Anne en période hivernale ou printanière.
«Dans Saguenay et à Rivière-Verte, on avait refait deux ponceaux de quatre pieds prévus pour les changements climatiques et la route a défoncé. Là on se pose des questions. Ça va prendre de l’argent. Malgré les calculs, les prévisions, il va falloir prévoir encore plus gros», analyse le maire.

Pour ce qui est des réparations, les résidents vont devoir patienter un peu.
«On ne peut pas réparer la route, on est dans la soupe. Tout est délavé, même si on creuse, ça ne donne rien», regrette M. Duplain.
Travailleurs coincés
Un petit chemin a été fait par un sentier de motoneige comme alternative pour le rang Saguenay, mais seulement accessible à de véritables véhicules tout-terrain.
«Une trentaine de personnes dans le secteur Shannahan doivent sortir demain. Pour le secteur de la Rivière-Verte, on va pouvoir faire un ponceau temporaire à partir de demain pour des véhicules légers», explique le maire.

Des travailleurs forestiers ont emprunté ce chemin très tôt ce matin avant de se faire coincer.
«On va pouvoir sortir les travailleurs. D’autres ont pu passer par l’Étape (route 175) par des chemins forestiers, un méchant détour», lance Claude Duplain.
Ce n’est pas fini
Depuis lundi, il est tombé 90 mm de pluie à Saint-Raymond, dont 40 mm tôt ce matin.
«En ajoutant les 40 mm de samedi et dimanche cela donne 130 mm en quatre jours, soit la moyenne pour un mois», explique Frédéric Dubuis, d’Environnement Canada.
Une ligne d’averses et d’orage est toujours présente et météorologue prévoit de 5 à 7 mm pour ce soir «jusqu’à 40 mm si on n’a pas de chance et qu’un orage nous passe dessus.»
Un nouveau système arrivera «avec un 20 à 40 mm supplémentaires de jeudi soir à vendredi soir avec de nouveau un risque d’orage», prévoit-il.
Inondations majeures à Saint-Raymond dans Portneuf.
— Marc-André Boulianne (@MarcandreBouTVA) July 11, 2023
Plusieurs routes impraticables.
En vidéo une résidence du rang Saguenay complètement entourée par la rivière Sainte-Anne. @tvanouvelles @tvaqc pic.twitter.com/LTKa5FdEUB
La ZEC Batiscan-Neilson, à 28 km au nord de la municipalité, est fermée en raison des importantes quantités de pluie qui sont tombées. Plusieurs chemins de la zone forestière sont devenus impraticables avec l’eau.
La Vallée Bras-du-Nord, située le long du rang Saguenay, a aussi annulé toutes ses activités pour la journée.
À Saint-Ubalde, l’eau est venue à bout du chemin du Lac-Blanc et empêche la circulation sur la route qui sépare la municipalité de 1400 habitants et Saint-Adelphe, à l’ouest. Les rangs Saint-Georges et Saint-Joseph sont, eux aussi, fermés.
Les autorités municipales n'envisagent toutefois pas d'évacuations de résidences pour l'instant.
Saint-Casimir prête à tout
Plus au sud, à Saint-Casimir, les autorités sont prêtes à toute éventualité. La cellule d’urgence a tenu une rencontre ce matin afin de faire le point sur la situation.
«Pour l’instant, on n’envisage pas d’évacuations, affirme la mairesse Lise Baillargeon. On a beaucoup d’eau de surface, parce que les sols n’absorbent plus rien, mais les cours d’eau ne sont pas sortis de leur lit.»
La rivière Sainte-Anne, qui coule au cœur du village, est sous haute surveillance, d’après Mme Baillargeon. Son niveau est en hausse, mais la pluie s’est calmée dans le secteur dans les dernières heures.
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