Inondations à la hausse: est-ce la fin des sous-sols dans les maisons des Québécois?

Samuel Roberge
Il devient nécessaire de repenser la configuration des résidences québécoises – particulièrement celle des sous-sols – à la lumière des conditions qui évoluent avec les changements climatiques, prévient un représentant de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).
Même si les sous-sols ont marqué la vie de nombreux Québécois – avec les partys de famille, les chambres d’adolescents ou les ateliers remplis d’outils –, ces espaces risquent de perdre en popularité dans les constructions à venir.
«De plus en plus de bâtiments, maintenant, n'ont plus de sous-sol pour toutes sortes de raisons», constate Marco Lassalle, directeur principal des services techniques et de la qualification à l’APCHQ, en entrevue au micro de Karima Brikh, à QUB radio et télé, diffusée simultanément au 99,5 FM Montréal, lundi. «Il n'y a pas si longtemps, c'était quelque chose comme 99,9 % des habitations neuves québécoises qui comportaient un sous-sol. Or, ce n'est plus le cas.»

La principale raison de ce changement tient aux problèmes d’infiltration d’eau, de plus en plus fréquents en raison de la hausse des précipitations observée dans de nombreuses régions au Canada. À cela s’ajoute le vieillissement des infrastructures, souvent incapables d’absorber l’excès d’eau.
«D'une part, les sous-sols sont particulièrement problématiques dans les milieux urbains, dans lesquels le système d'égout est inefficace et qu'il y a eu trop de développement, trop de surfaces asphaltées qui amènent toute l'eau directement dans l'égout pluvial, ce qui fait que pendant les grosses pluies de 15 minutes, [...] nos réseaux d'égout n'ont pas été conçus pour gérer ça et ça cause un débordement», explique M. Lassalle.

De leur côté, les habitations dépourvues de sous-sol peuvent échapper à ce type de problème, souligne-t-il.
Mais la situation ne se limite pas aux zones urbaines. De nombreuses résidences situées en zones inondables ou à proximité de cours d’eau en subissent aussi les conséquences.
C’est pourquoi la construction d’un sous-sol ne devrait plus être systématique, estime M. Lassalle.
«Ce n’est pas nécessaire d’avoir un sous-sol», avance-t-il. «Sur le bord d'une rivière, un sous-sol aménagé, ce n'est pas très gagnant. En revanche, de construire une dalle sur le sol sur le bord d'une rivière, c'est encore pire parce que s'il y a une inondation, à ce moment-là, c'est tout mon rez-de-chaussée que je perds: cuisine, salle de bain, chambres, meubles, je perds tout à ce moment-là.»
Une alternative pourrait être le retour aux vides sanitaires, qui offriraient une meilleure résilience aux habitations.
«On va entendre parler de plus en plus de la résilience des bâtiments. Ça ne veut pas dire que c'est un bâtiment qui ne peut pas avoir de sinistre. Cependant, ce sont des bâtiments qui vont se remettre, se réhabiliter très facilement dans le cas d'un sinistre», précise le représentant de l’APCHQ.
Voyez l’entrevue intégrale de Marco Lassalle dans les extraits vidéo et sonore ci-haut.