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L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Ingrid St-Pierre à la rescousse des tortues des bois

Espèce menacée

Tortue des bois issue du programme de repeuplement du Témiscouata.
Tortue des bois issue du programme de repeuplement du Témiscouata. MELCCFP
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Photo portrait de Mathieu-Robert Sauvé

Mathieu-Robert Sauvé

2025-07-06T16:00:00Z
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Le programme de repeuplement lancé par la famille de la chanteuse Ingrid St-Pierre a permis de relâcher plus de 300 tortues menacées dans le Bas-du-Fleuve.

« C’est mon frère Tristan qui a aperçu une tortue des bois sur le bord d’un chemin sur notre terre à bois il y a une dizaine d’années. Il l’a prise en photo et nous l’a montrée. On ne savait même pas que ces reptiles vivaient dans notre région », relate l’artiste, qui compte 50 000 abonnés Instagram et 70 000 sur Facebook.

Ingrid St-Pierre a grandi à Cabano et adore la nature. «Chaque geste compte» pour protéger la nature, affirme-t-elle.
Ingrid St-Pierre a grandi à Cabano et adore la nature. «Chaque geste compte» pour protéger la nature, affirme-t-elle. Ingrid St-Pierre

Rapportée à des agents de la faune, l’observation des St-Pierre a mené à une opération de repeuplement qui se poursuit encore aujourd’hui. 

« On a reçu des dizaines de biologistes et d’étudiants qui sont venues observer notre site de ponte. Ça n’a pas arrêté depuis. On suit même les femelles avec des émetteurs », confie en riant le père d’Ingrid, Christian St-Pierre, qui tient une quincaillerie à Cabano.

Collaboration Québec-Biodôme

« Nous allons relâcher la semaine prochaine environ 60 petites tortues élevées en sécurité au Biodôme, ce qui porte à 358 le nombre de tortues des bois remises en liberté depuis le début du programme », explique au Journal la biologiste Geneviève Bourget, du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.

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Tortue des bois élevée au Biodôme de Montréal.
Tortue des bois élevée au Biodôme de Montréal. Cynthia Beaulieu

Étendue à d’autres secteurs du Témiscouata, l’initiative de repeuplement a permis une relance de cette espèce qui figure depuis 2010 sur la liste des espèces menacées au Canada.

« La tortue des bois est ici à la limite nord de sa distribution et plusieurs menaces la rendent très vulnérable : la destruction de ses habitats, les collisions avec les véhicules à moteur, les hivers froids, les printemps pluvieux », illustre Mme Bourget.

Tortues des bois prêtes à être relâchées.
Tortues des bois prêtes à être relâchées. Christian St-Pierre

Des œufs en incubateur

C’est sous sa direction que des techniciennes de la faune vont recueillir les œufs dans les sites localisés par des caméras de surveillance. Chaque femelle pond de 5 à 10 œufs. Ceux-ci sont transférés dans des incubateurs du ministère, et les petites tortues sont ensuite adoptées au Biodôme de Montréal, qui devient leur garderie en attendant la relâche.

« Notre rôle consiste à les faire grandir en sécurité. Notre taux de succès est presque de 100%, alors que la mortalité des jeunes est très élevée en milieu naturel. Les ratons laveurs et les oiseaux sont parmi leurs plus grands prédateurs », souligne Gheylen Daghfous, conseiller scientifique et conservateur responsable des reptiles, des amphibiens, des poissons et des invertébrés au Biodôme.

Toutes les tortues sont micropucées et certaines sont suivies grâce à des émetteurs afin de documenter leurs déplacements. Plusieurs projets de recherche sont nés de cette initiative.

La tortue des bois en bref

  • Limitée au nord-est du continent, la tortue des bois (Glyptemys insculpta) est l’une des huit espèces présentes au Québec.
  • Elle est « la plus terrestre des tortues d’eau douce du Québec », selon le ministère. Ses déplacements entre la forêt et les plans d’eau la poussent à traverser des routes, ce qui la rend vulnérable aux collisions avec les véhicules.
  • En 2018, on avait dénombré tout juste 119 populations de tortues des bois dans l’ensemble du Québec. « En l’absence de mesures de protection renforcées, le déclin des populations de cette espèce risque de continuer pour au moins le quart des populations connues », signale le site du ministère.
  • Il est illégal de capturer une tortue ou des œufs. Mais les citoyens sont invités à rapporter leurs observations afin de suivre l’évolution de l’espèce.
  • Pour signaler une tortue : https://carapace.ca/.
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