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L'article provient de TVA Nouvelles

Ingérence étrangère: le Canada, un pays manipulé?

MARC DESROSIERS/Agence QMI
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Jean Baillargeon, Expert-conseil en communication stratégique

2023-09-24T04:00:00Z
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En matière d’affaires étrangères, reconnaissons que le Canada est devenu une plaque tournante mondiale d’accusations d’ingérences politiques, après la Chine, la Russie, voilà que l’Inde se joint au club des pays sous enquête. Il ne manque plus que l’Iran et l’Arabie Saoudite pour compléter le tableau noir des ennemis des « libertés d’expression démocratiques ».  

Est-ce une surprise? Non pas vraiment, nous nous glorifions d’être un pays refuge notamment pour les dissidents politiques chinois, russes et maintenant sikhs, assumons donc les conséquences d’être pris en otage par des puissances politiques et économiques, cessons de jouer les naïfs.  

Toutefois, une question demeure, sommes-nous victimes de manipulation politique? Plusieurs indices me portent à le croire, la conjoncture politique mondiale nous donne de sérieux indices dans le fil des événements. 

Assassinat 

L’annonce publique de l’assassinat d’un leader sikh par l’État Indien dans un contexte où notre pays négociait en même temps un accord de libre-échange avec l’Inde représente un curieux hasard dans un contexte d’une stratégie de rapprochement diplomatique en Asie afin de contrer l’influence chinoise dans cette région.  

En effet, rappelons qu’au même moment débute l’enquête publique présidée par la juge de la Cour d’appel du Québec, madame Marie Josée Hogue sur l’ingérence étrangère, au premier rang, la Chine. Ce « hasard d’événements » m’amène à me questionner sur les véritables commanditaires de l’assassinat. En effet, qui a intérêt à faire déraper le rapprochement diplomatique et économique entre le Canada et l’Inde?  

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J’espère que l’enquête sur l’ingérence étrangère fera place à une analyse approfondie des enjeux de déstabilisation de la réputation du Canada en matière de politique étrangère, notamment en tant que pays refuge, autant auprès de la Chine, de l’Inde, de la Russie, de l’Iran et de l’Arabie saoudite.  

N’oublions pas également les gouvernements de l’Algérie et de la Tunisie qui exerce des pressions indues sur leurs ressortissants au Québec. Faut-il s’étonner dans un tel contexte de jeu d’influence malsaine que le Canada refuse d’assumer une mission internationale en Haïti, même si nous avons une importante diaspora haïtienne à Montréal? Posez la question, c’est y répondre! 

Redéfinir notre politique étrangère 

Le nouveau contexte de réalignement politique mondial impose au Canada de redéfinir d’urgence sa politique étrangère.  

En effet, nous devons tenir compte de l’affaiblissement de l’influence occidentale particulièrement des pays du G7 dont fait partie le Canada, au profit du BRICS, représentant une alliance du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, auxquels se sont joint dernièrement l’Iran, l’Arabie Saoudite, l’Argentine, l’Éthiopie, l’Égypte et les Émirats arabes unis.  

Quel sera l’impact de l’enquête sur l’ingérence étrangère sur notre politique de défense des droits et libertés, de l’accueil des réfugiés politiques et de notre commerce international?  

Tout semble maintenant interrelié, cessons d’être pris en otage, naïf ou manipulé au gré des dérives des enjeux mondiaux. Quelle place voulons-nous occupée dans le concert des nations, quel type d’alliance devons-nous établir pour assurer la stabilité de nos institutions démocratiques? Tout un défi à relever, mais dont les impacts seront majeurs pour l’avenir de notre pays! 

Photo fournie par Jean Baillargeon
Photo fournie par Jean Baillargeon

Jean Baillargeon, Expert-conseil en communication stratégique

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