Ingérence électorale: Trudeau dénonce les «jeux agressifs» de la Chine

Raphaël Pirro
Justin Trudeau a été informé en janvier dernier par les services canadiens de renseignement que la Chine avait mené une vaste campagne pour défaire des candidats perçus comme «anti-Chinois» lors des élections fédérales de 2019 et 2021.
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«Malheureusement, nous voyons des acteurs étatiques à travers le monde, que ce soit la Chine ou autres, continuer de jouer à des jeux agressifs avec nos institutions et nos démocraties [...]», a déclaré le premier ministre, en marge d’un point de presse lundi.
Selon un reportage de Global News diffusé en matinée, la Chine aurait mis en place un réseau de financement clandestin qui aurait bénéficié à au moins 11 candidats libéraux et conservateurs dans le but de défaire des adversaires aux vues plus tranchées contre Pékin.
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La note obtenue par Global ne nomme pas les candidats en question, mais certains indices laissent penser qu’il s’agit majoritairement de conservateurs, leur parti ayant adopté une ligne plus ferme contre le Parti communiste chinois, notamment en lien avec la question du génocide des Ouïghours ou le géant des télécommunications Huawei.
Le financement clandestin aurait couvert une foule d’activités, incluant le travail de certains employés qui étaient en réalité des agents du gouvernement chinois.
L’année dernière, Le Journal de Montréal rapportait qu’une poignée de conservateurs, dans certaines circonscriptions avec une forte communauté d’origine chinoise, avaient connu une chute importante de leur appui reçu par rapport aux élections de 2019.
Ce fut notamment le cas de Kenny Chiu, un ancien élu conservateur de la région de Vancouver qui a été battu à plate couture dans son comté, où près de la moitié des électeurs sont chinois ou d’origine chinoise.
M. Chiu y avait perdu entre 7 et 12 points de pourcentage par rapport au scrutin de 2019, alors que le soutien aux conservateurs n’avait reculé que de 0,5% sur le plan national.
«Le monde est en train de changer, parfois de manière épeurante», a dit Justin Trudeau lundi.
Il a assuré que le gouvernement avait déjà pris des mesures pour «renforcer l’intégrité» du système électoral en place, notamment la création d’un comité parlementaire se saisissant du dossier.
L’ambassadeur chinois au Canada, Cong Peiwu, a toujours rejeté du revers de la main les accusations d’ingérence étrangère dans le processus démocratique canadien.