Ingérence chinoise: une patate chaude pour Trudeau


Normand Lester
Lors d’une brève rencontre au sommet de l’APEC à San Francisco, Justin Trudeau a dit à Xi Jinping qu’il était essentiel que le Canada et la Chine continuent de travailler à un dialogue constructif.
Trudeau a même ajouté: «Nous avons toujours été clairs, depuis des années maintenant, sur nos préoccupations concernant l’ingérence étrangère, et nous allons continuer à faire tout ce qui est nécessaire pour assurer la sécurité des Canadiens.» Si seulement c’était vrai dans le cas de la Chine.
Même si le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) mettait en garde contre l’ingérence chinoise dans la politique canadienne depuis des années, ce sont les fuites dans les médias qui ont obligé Trudeau à agir. Des documents du SCRS obtenus par le Globe and Mail indiquaient que Pékin avait financé au moins 11 candidats aux élections de 2019.
Les preuves de l’ingérence de Pékin dans notre démocratie sont irréfutables, tout comme le fait que Justin Trudeau a refusé de prendre au sérieux la menace chinoise.
Une enquête succède à une autre
En septembre, Trudeau a été contraint par les partis d’opposition de nommer la juge Marie-Josée Hogue de la Cour d’appel du Québec pour enquêter sur l’ingérence étrangère dans les processus électoraux fédéraux et les institutions démocratiques de la part de «la Chine, de la Russie et d’autres États étrangers ou acteurs non étatiques».
Les Chinois et les Russes ne sont pas les seuls à vouloir manipuler nos partis politiques. D’autres pays qui ont des minorités influentes au Canada le font aussi. Je pense, entre autres, à l’Inde et à Israël.
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La première phase de l’enquête de la juge Hogue portera sur les activités d’ingérence dans les élections fédérales de 2019 et de 2021. La commissaire examinera aussi la capacité du gouvernement fédéral à détecter, prévenir et contrer ces ingérences.
Elle prend la relève en quelque sorte après une première initiative de Trudeau dans le dossier d’ingérence étrangère qui s’était terminée en débâcle.
Il avait nommé un ami de sa famille, l’ex-gouverneur général David Johnston, «rapporteur spécial», pour enquêter sur l’ingérence chinoise. Marié à une Chinoise et ayant deux filles qui ont fait leurs études en Chine, il n’avait pas exactement le profil d’un enquêteur impartial.
Johnston voulait d’ailleurs que son rapport reste secret. Manifestement pour protéger Trudeau et les libéraux. En effet, Justin lui-même et certains de ses ministres doivent être au centre d’une telle enquête publique. Il a pendant des années tout fait pour ne pas voir l’ingérence chinoise dans le Parti libéral et dans la Fondation Pierre-Elliott Trudeau, dont David Johnston était membre.
Johnston a été contraint de démissionner fin mai, après qu’une majorité à la Chambre des communes a adopté une motion demandant qu’il se retire, citant de «sérieuses questions» sur des conflits d’intérêts.
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Je l’ai déjà dit. Il me semble évident que le Parti communiste chinois utilisait la Fondation Trudeau comme vecteur important pour placer des agents d’influence à des postes-clés afin d’orienter la politique canadienne en sa faveur.
Profiter des déboires des Chinois
On n’a pas à se laisser intimider par d’éventuelles menaces de représailles commerciales chinoises. La deuxième économie mondiale peine à se remettre de la pandémie. La demande en produits chinois est faible. Ses exportations sont à la baisse, comme les investissements étrangers en Chine. Regardez comment Xi a courtisé les milieux d’affaires américains à l’occasion de son passage à San Francisco pour les attirer.
Le rapport final de la juge Hogue est attendu avant les prochaines élections fédérales, prévues à l’automne 2025. Mais Trudeau gouverne avec l’appui du Nouveau parti démocratique, qui pourrait d’ici là lui retirer sa confiance.
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