Infrastructures de transport: plus de 2,5 G$ de projets menacés à Québec


Taïeb Moalla
Alors que les risques de guerre commerciale mondiale et de récession économique pointent à l’horizon à cause des tarifs douaniers imposés par Donald Trump, des projets d’infrastructure de transport, totalisant plus de 2,5 G$, sont soit abandonnés soit fortement menacés dans la région de la Capitale-Nationale.
Abandon des voies réservées (844 M$ en 2021)
Lancé en 2021, le défunt REC (Réseau express de la Capitale) devait notamment inclure 104 km de voies réservées pour les banlieues nord de Québec. Une moitié devait être sur les autoroutes de la ville et l’autre moitié sur le réseau municipal. Or, seulement deux jours après le dépôt du budget et du PQI (Plan québécois des Infrastructures 2025–2035), Le Journal a découvert que ce mégaprojet a été enterré dans la discrétion la plus totale et sans même que l’administration municipale en soit informée. En 2021, ces voies réservées étaient évaluées à 844 M$.
Le «spaghetti» de la tête des ponts (1 G$ en 2011)
La reconfiguration du «spaghetti» de bretelles à la tête des ponts est dans les cartons des gouvernements québécois successifs depuis 15 bonnes années. La première phase de ce mégachantier est en cours et elle doit permettre de raccorder le réseau de transport de Lévis au futur tramway de Québec. Par contre, la deuxième phase a été retirée du PQI, sans tambour ni trompette, comme le révélait Le Journal mardi. En 2011, le chiffre de 1 G$ a circulé pour le réaménagement complet de la tête des ponts.
Le viaduc Lebourgneuf (40 à 50 M$ en 2018)
Très attendu, le pont d’étagement à l’intersection de Robert-Bourassa et de Lebourgneuf doit permettre de soulager ce carrefour – le plus achalandé de Québec – qui voit passer 70 000 voitures quotidiennement. Mardi soir, le cabinet de la ministre des Transports a confirmé l’abandon de ce projet. Or, ce même cabinet s’est ravisé 24 heures plus tard et il a partiellement ressuscité le projet en se disant toujours en réflexion quant à sa réalisation. En 2018, l’ancien maire de Québec, Régis Labeaume, avait chiffré le budget de ce projet entre 40 et 50 M$.
Le garage Newton du RTC (647 M$ en 2025)
Le garage Newton du Réseau de transport de la Capitale (RTC), pour les bus électriques, est fortement menacé. Le RTC a affirmé jeudi avoir été «forcé» d’arrêter le chantier par le cabinet de la ministre des Transports. Au cabinet de Geneviève Guilbault, le son de cloche est fort différent. Officiellement, il s’agit de «prendre un pas de recul dans le projet» et non pas de son arrêt, nous a-t-on affirmé. Ce projet est évalué à 647 M$, dont 94 M$ qui ont d’ores et déjà été autorisés et qui risquent d’être perdus.
Autres surprises à venir?
Malgré notre insistance, ni le ministère des Transports ni le cabinet de la ministre Guilbault n’ont voulu énumérer clairement les projets d’infrastructure qui sont inclus dans le «Réseau de mesures préférentielles en transport collectif – Région métropolitaine de Québec» qui a été abandonné. On sait que cette ligne du PQI comprenait les 104 km de voies réservées qui sont officiellement passés à la trappe. Par voie de déclaration, le cabinet de Mme Guilbault a fini par lâcher que la conversion en boulevard urbain d’une partie de l’autoroute Laurentienne n’est pas abandonnée. Par contre, la question se pose encore pour la conversion en boulevard urbain d’une portion de l’autoroute Dufferin-Montmorency. Et il est impossible de dire à ce stade-ci si le PQI contient d’autres mauvaises surprises passées sous le radar.
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