Inflation: les politiciens ne font rien pour aider


Michel Girard
Dans le but de donner un solide coup de barre pour ralentir l’inflation, la Banque du Canada haussera probablement aujourd’hui son taux directeur d’un autre 0,75 %, portant ainsi son taux à 3,25 %. C’est 3 points de pourcentage de plus qu’au commencement de l’année!
Elle n’a pas le choix, semble-t-il, si elle veut mettre fin au satané cercle vicieux de l’inflation, lequel risque de faire de terribles dommages à l’économie canadienne.
Mais chose certaine, il ne faut pas compter sur l’actuelle campagne électorale pour mettre de l’avant des solutions visant à freiner la forte inflation au Québec.
C’est tout le contraire qui se produit alors que la plupart des partis ne lésinent pas sur la promesse électorale en s’engageant à déverser des dizaines de milliards dans l’économie québécoise. Cela va forcément contribuer à alimenter davantage l’inflation!
- Écoutez l'édito économique de Michel Girard diffusé chaque jour en direct 7 h 35 à QUB radio :
Folle course aux promesses
De toute l’histoire du Québec, jamais n’a-t-on vu une aussi folle course aux promesses électorales. Tous les chefs de partis promettent de nous enrichir, soit avec des baisses d’impôt, des versements ponctuels d’argent pour contrer la hausse du coût de la vie, l’abolition de la taxe de vente (TVQ) sur nombre de produits, la bonification de l’aide financière aux aînés ou autres mesures d’aide financière.
Il faut dire que François Legault, le chef du gouvernement sortant, a lui-même donné le ton en dévoilant de nouveaux engagements avant même le déclenchement officiel de la présente campagne.
À la fin de la première semaine de campagne, le chef des caquistes avait déjà effectué des promesses électorales pour une valeur de 21 milliards de dollars. Et dire qu’il lui reste quatre autres grosses semaines de campagne à courtiser les électeurs.
Comme François Legault a de très fortes chances de rester au pouvoir, force est de constater qu’en injectant autant d’argent dans l’économie québécoise, il va davantage stimuler l’inflation. À court terme, les électeurs vont apprécier. Mais si l’inflation persiste et que les prix continuent de monter, ils vont rapidement déchanter.
Remarquez que la cheffe du Parti libéral du Québec, Dominique Anglade, a dépassé la «générosité» de Legault, pour le moment du moins, avec des engagements à ce jour d’une trentaine de milliards de dollars. Son bras droit en matière d’économie et président de la campagne libérale, Carlos Leitao, n’a jamais été aussi friand de la dépense gouvernementale qu’aujourd’hui. On est loin de l’époque où, sous son chapeau de ministre des Finances du gouvernement de Philippe Couillard, il optait pour un contrôle extrêmement serré des dépenses gouvernementales.
Le chef des conservateurs, Éric Duhaime, a tenté de se démarquer en début de campagne électorale en promettant des baisses d’impôt de l’ordre de 25 milliards de dollars.
Après neuf jours de campagne, Gabriel Nadeau-Dubois et Paul St-Pierre-Plamondon se sont avérés moins dépensiers que leurs rivaux. Pour l’instant. Cela ne les a pas empêchés d’opter pour des engagements de plusieurs milliards.
Et nul doute qu’ils vont eux aussi ressentir au fil de la campagne électorale le besoin de se montrer plus «généreux» envers les électeurs!
Le cercle vicieux de l’inflation
Comment est-on parvenu à créer la période d’inflation aiguë que l’on traverse présentement?
Les centaines de milliards de dollars versés par le gouvernement de Justin Trudeau dans le cadre de la lutte à la COVID-19, l’ultra-assouplissement de la politique monétaire avec son taux directeur à 0,25 % jusqu’au début de l’année, le surendettement des ménages à faible taux d’intérêt et la forte reprise économique ont enflammé l’inflation.
Et depuis le début de l’année, on est aux prises avec le cercle vicieux de l’inflation.
Qui dit inflation, dit forte augmentation des prix. S’est ensuivie une perte de pouvoir d’achat. On tente de se rattraper avec des hausses salariales. Les augmentations de salaire forcent les entreprises à grimper leurs prix. Et ça recommence, qui dit hausse de prix, dit inflation. Etc. Etc.
Cette autre augmentation de taux directeur de la Banque du Canada a pour conséquence de «forcer» les institutions bancaires à hausser également leurs taux d’intérêt sur la panoplie de prêts offerts aux particuliers et aux entreprises.
En haussant le coût des emprunts (par l’entremise des hausses de taux d’intérêt), la Banque du Canada espère que la demande pour les biens et services va diminuer.
Et conséquemment, souhaite-t-elle, cela devrait freiner les pressions inflationnistes et la hausse du coût de la vie.
En agissant ainsi, le gouverneur de la Banque du Canada Tiff Macklem et les bonzes qui l’entourent souhaitent ralentir la croissance économique.
En haussant le coût des emprunts (par l’entremise des hausses de taux d’intérêt), la Banque du Canada espère que la demande pour les biens et les services va diminuer.
Conséquemment, souhaite-t-elle, cela devrait freiner les pressions inflationnistes et la hausse du coût de la vie.
Sauf, peut-être, au Québec où on aurait dû se contenter d’aider les gens à faible et moyen revenu, et non l’ensemble des contribuables. D’ailleurs, ce sont les 100 000 $ et plus qui vont bénéficier des plus grosses baisses d’impôt. Était-ce vraiment nécessaire? NON.