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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Inflation: Desjardins contre un plan d’austérité fédéral

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Raphaël Pirro

2022-06-29T21:39:49Z
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Le Canada n’a pas besoin d’une cure d’austérité pour lutter contre l’inflation, même s’il y a «peu de doute» que les dépenses du fédéral encourues pendant la pandémie ont accentué le phénomène, conclut Desjardins dans une étude publiée mercredi.

Cela s’explique principalement par les ambitions formulées du gouvernement de Justin Trudeau lors du dernier budget de réduire progressivement les dépenses des programmes fédéraux, explique le directeur principal pour l’économie canadienne chez Desjardins, Randall Bartlett.

Le papier, intitulé «Dépenses du gouvernement fédéral : ni l’unique cause de l’inflation ni la solution au problème», insiste sur le fait que le gouvernement fédéral n’a plus beaucoup de latitude pour procéder à des coupes importantes.

«Comme les dépenses liées à la COVID-19 disparaissent rapidement dans le rétroviseur, ce serait sur les autres dépenses importantes habituelles – transferts aux particuliers, transferts à d’autres administrations et charges de programmes directes (CPD) – que pourrait s’abattre le couperet», détaille M. Bartlett.

Or, ces dépenses sont plutôt de nature à aider les personnes les plus vulnérables à affronter la pandémie, de même que les provinces qui, elles, sont en charge des secteurs de l’administration les plus dispendieux, soit la santé et l’éducation.

«Les programmes liés à la pandémie prennent fin, et les dépenses traditionnelles visant à soutenir le revenu des ménages restent inutilisées grâce à un marché du travail canadien en surchauffe. On peut donc se demander où les partisans d’une plus grande austérité budgétaire voudraient que le gouvernement fédéral coupe», explique l’économiste.

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Celui-ci admet que de «l’ajout de nouvelles dépenses serait une erreur», mais qu’«en cette période d’inflation élevée et de hausses des taux d’intérêt, les mesures visant à atténuer l’érosion du pouvoir d’achat des ménages vulnérables sont les bienvenues».

La ministre des Finances Chrystia Freeland a récemment indiqué que le gouvernement fédéral avait effectivement un rôle à jouer dans la lutte contre l’inflation, mais que la tâche revenait principalement à la Banque du Canada, dont c’est l’un des mandats.

Tous ne sont pas du même avis.

Dans un papier publié le 19 juin par la Banque Scotia à l’intention de ses investisseurs, les économistes ont avancé que les dépenses du gouvernement fédéral rendent plus difficile la lutte contre l’inflation.

Ces derniers sont aussi d’avis que l’augmentation fulgurante des taux d’intérêt par la Banque du Canada rejette le fardeau de la lutte à l’inflation sur le dos du secteur privé, alors que le gouvernement pourrait y jouer un rôle plus important.

«Une moindre consommation du gouvernement entraînerait une trajectoire plus basse du taux directeur et soulagerait le secteur privé d'une partie de la charge de l'ajustement», affirment les auteurs du rapport de la Banque Scotia.

Rappelons qu’au mois de mai, l’inflation a atteint 7,7 % sur une base annualisée, soit le chiffre le plus élevé depuis 1983.

La ministre Freeland a dévoilé un plan en cinq points pour combattre l’inflation. Le plan est chiffré à 8,9 milliards $ et contient surtout des mesures d’aide directe aux Canadiens.

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