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L'article provient de Le Journal de Montréal
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Inflation au Japon: les prix du riz doublent sur un an

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2025-07-18T02:17:22Z
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L’inflation au Japon a ralenti plus qu’attendu en juin, mais reste à un niveau élevé, tirée par un doublement sur un an des prix du riz, de quoi accroître la pression sur la coalition au pouvoir avant des élections sénatoriales cruciales ce dimanche. 

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La hausse des prix à la consommation (hors produits frais) s’est élevée à 3,3 % sur un an le mois dernier, se modérant sensiblement après s’être établie à 3,7 % en mai, au plus haut depuis janvier 2023.

Ce chiffre est meilleur que la prévision des économistes sondés par Bloomberg (+3,4 %), mais s’établit toujours très au-delà de la cible de 2 % fixée par la Banque du Japon (BoJ).

Et l’inflation hors énergie et produits frais a de son côté accéléré à 3,4 %, contre 3,3 % en mai.

La vertigineuse envolée des prix du riz, par ailleurs, ne s’essouffle pas: ils ont bondi de 99,2 % sur un an en juin, après avoir déjà doublé en rythme annuel (+101 %) le mois précédent.

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Une envolée décrite alors comme à des niveaux inédits depuis au moins un demi-siècle selon les médias locaux, et qui se poursuit malgré le déblocage par les autorités d’une partie des stocks stratégiques de riz du pays.

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L’inflation persistante exacerbe le mécontentement contre le gouvernement du premier ministre conservateur Shigeru Ishiba, qui aborde en mauvaise posture des élections sénatoriales de dimanche selon des sondages récents.

À 68 ans, M. Ishiba dirige un gouvernement minoritaire depuis octobre, après avoir conduit sa formation, le Parti libéral-démocrate (PLD), à un cuisant revers lors des élections législatives de l’automne.

Sa coalition gouvernementale, formée du PLD et de son allié Komeito, risque désormais de perdre également sa majorité à la chambre haute du Parlement lors du scrutin du 20 juillet, au risque de pousser M. Ishiba à la démission.

Pour tenter d’atténuer l’impact sur les ménages et à l’approche des élections, Shigeru Ishiba a étendu les aides au logement, prolongé des subventions à l’énergie, et s’est engagé à verser des chèques de 20 000 yens (120 dollars) par citoyen.

Le prix du riz, qui s’envole depuis l’automne dernier, a été un sujet clé de la campagne.

La récolte 2023 (consommée l’an dernier) avait été pénalisée par des chaleurs record, tandis que la demande de riz était, elle, gonflée en 2024 par des achats paniques suite à un avertissement des autorités sur un possible «mégaséisme», par le renchérissement des aliments importés et un tourisme record. Surtout, des négociants stockaient du riz pour muscler leurs profits à terme, selon les experts.

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Plus généralement, les prix de divers produits alimentaires (fruits, viande...) ont contribué à tirer l’inflation en juin.

Mais si les factures d’électricité et de gaz ont continué de gonfler, c’est à un rythme bien plus modéré.

«Le principal facteur à l’origine du ralentissement de l’inflation en juin est le net recul des prix énergétiques, qui reflète la reprise des subventions aux achats d’essence», souligne Abhijit Surya, analyste de Capital Economics.

«La suppression des redevances d’eau dans la capitale a également eu un impact modeste», ajoute-t-il.

Défi pour la banque centrale

L’archipel, longtemps englué dans une inflation nulle, voire négative, est confronté à un changement de paradigme: depuis avril 2022, l’indice des prix à la consommation hors produits frais reste systématiquement au-dessus de 2 %.

La trajectoire de l’inflation représente un épineux défi pour la Banque du Japon (BoJ).

Après avoir entamé en mars 2024 un resserrement de ses taux pour contrer l’inflation, après dix ans de politique monétaire ultra-accommodante, l’institution a récemment privilégié le statu quo monétaire face aux incertitudes liées à la guerre commerciale lancée par les États-Unis.

Le Japon pâtit de surtaxes douanières américaines de 25 % sur l’automobile et de 50 % sur l’acier qui pénalisent durement ses entreprises, et est sous la menace d’une surtaxe « réciproque » de 25 % sur toutes ses exportations, mise en pause par l’administration Trump jusqu’à début août.

Pour autant, vu le niveau toujours élevé de l’inflation, «il existe toujours des arguments convaincants pour que la BoJ reprenne son cycle de resserrement monétaire plus tard cette année», estime Abhijit Surya.

Tout en reconnaissant que l’institution pourrait rester suspendue aux négociations commerciales «toujours en suspens» entre Tokyo et Washington, avec «le risque est grandissant qu’elle reporte sa prochaine hausse de taux à début 2026».

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