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L'article provient de TVA Nouvelles
Affaires

Inflation à 2%: les prévisions optimistes de Desjardins se butent à la réalité

Photo d’archives, JOËL LEMAY
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Photo portrait de Julien McEvoy

Julien McEvoy

2025-06-16T10:30:00Z
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Les économistes de Desjardins prédisent une inflation «équilibrée» autour de 2% jusqu’en 2026, mais depuis le début de l’année, les reportages de la section Argent du Journal révèlent une tout autre réalité pour les Québécois.

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Dans leur rapport du 12 juin, les experts du Mouvement Desjardins se montrent optimistes: l’élimination de la taxe carbone compensera les tarifs Trump, l’inflation du logement ralentira et les prix resteront sages, près de la cible de la Banque du Canada.

«Dans l’ensemble, bien que ces différentes politiques aient des effets variés, nous anticipons qu’elles s’équilibreront», écrivent les économistes Randall Bartlett, LJ Valencia et Tiago Figueiredo.

Les chiffres contredisent les prévisions

Pourtant, depuis le début de l’année, les Québécois ont plus de mal à payer leurs cartes de crédit, les jeunes diplômés sont davantage au chômage et le marché immobilier bat des records hors de portée, a rapporté Le Journal.

Les données de Statistique Canada d’avril 2025 racontent une autre partie de l’histoire. Le Québec affiche une inflation de 2,2%, en accélération par rapport à celle du mois précédent, la seule province dans cette situation.

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Plus révélateur: l’immobilier québécois cartonne, avec des hausses de prix de 10% et même de 17% à Québec, selon Royal LePage, alors que Desjardins prévoit un «ralentissement de l’inflation liée au logement».

« Le nombre d’inscriptions en vigueur tend globalement à baisser, [ce qui mène à] des situations de surchauffe rappelant la pandémie. »

Charles Brant, directeur de l'analyse du marché à l’APCIQ, en avril

- Charles Brant, directeur de l'analyse du marché à l’APCIQ, en avril

APCIQ

Seulement 35 000 propriétés étaient inscrites à vendre au Québec cet hiver, soit près de 14 000 de moins que la moyenne historique de 48 000, pendant qu’à Montréal, le prix médian atteint 600 000$ contre 490 000$ pour l’ensemble de la province.

Le terrain contredit les modèles

67% des Canadiens boudent les dépenses estivales dans le but d’épargner, a indiqué Ipsos-CIBC la semaine dernière.

Les paiements en retard sur les cartes de crédit ont bondi de 14% depuis le début de l’année au Québec et de 18,5% à Montréal. Le taux de chômage chez les jeunes diplômés atteignait 11,2% à la fin de l’hiver, son plus haut niveau des deux dernières décennies.

«Plus d’un Québécois sur deux estime qu’il est désormais moins facile d’accéder à la propriété qu’il y a un an», révélait le mois dernier un sondage BMO, contredisant l’idée d’un marché immobilier qui se calme.

Même la criminalité économique explose: le vol à l’étalage aurait généré 9 G$ de pertes au Canada en 2024, forçant les commerçants à répercuter ces coûts sur les prix.

L’optimisme des tours d’ivoire

«L’inflation mesurée par l’IPC Global devrait demeurer près de la cible d’inflation de 2% de la Banque du Canada dans un avenir prévisible», concluent les économistes de Desjardins.

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Cette sérénité n’est pas partagée par le patron du Groupe Guilbault, Éric Gignac. «Je vais devoir augmenter mes taux de transport, donc les prix des marchandises vont augmenter pour tout le monde», a-t-il prévenu en mai. Le camionneur subirait un manque à gagner de 3% à 8% en raison de la tarification sur le carbone.

Pendant que les économistes jonglent avec leurs modèles, les Québécois vivent une réalité où même faire l’épicerie devient un casse-tête budgétaire. Y aurait-il un écart entre les prévisions optimistes et la réalité quotidienne?

«Plus difficile d’économiser»

Les Canadiens vivent un stress financier généralisé selon les sondages. Plus des trois quarts (76%) trouvent «plus difficile que jamais d’économiser», 72% ont une perception négative de l’économie actuelle et 68% demeurent préoccupés par les taux d’intérêt malgré leur baisse récente. Cette mentalité de fourmi plutôt que de cigale illustre l’impact durable de l’inflation sur les habitudes de consommation, contredisant les prévisions optimistes des économistes.

Le Québec champion des hausses de loyer au Canada

Les loyers ont continué de grimper l’an dernier, selon la SCHL: moyenne de 1159$ à Québec (+5,2%) et de 1176$ à Montréal (+6,3%). Les Québécois ont subi des hausses moyennes de 83$ (8,8%). Trois des quatre villes canadiennes avec les plus fortes hausses sont québécoises: Sherbrooke (+9,8%), Longueuil (+8,8%) et Brossard (+7,9%). Un 4 1⁄2 coûte désormais 297$ de plus qu’il y a cinq ans à Québec, 320$ de plus à Montréal.

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