Infestations de souris, nourriture immangeable et fuites d’eau: des CHSLD dans un état «pitoyable» ciblés dans un rapport «caché» par le gouvernement

Un rapport de 2022 commandé par le ministère de la Santé, et qui révèle de graves problèmes de salubrité et d’hygiène dans plusieurs CHSLD, a été caché du public et presque ignoré par Québec, affirme l’organisme Les Usagers de la santé du Québec (LUSQ).

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Selon ce rapport, dont les résultats ont été dévoilés en exclusivité à l’émission d’Isabelle Maréchal à QUB télé et radio, diffusée simultanément sur les ondes du 99,5 FM à Montréal, des constats alarmants ont été effectués dans plusieurs des 57 CHSLD visités par l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec (ITHQ).

«La qualité est pitoyable. Il y a à peine 47% des CHSLD qui passent», déclare le directeur général de l’organisme LUSQ, Pierre Blain, en entrevue à l’émission d’Isabelle Maréchal.

Selon ce dernier, l’état de salubrité et d’hygiène dans certains CHSLD met carrément en danger la santé et la sécurité des résidents.

«Le MAPAQ, celui qui visite les restaurants, a même donné des amendes à certains de ces CHSLD, tellement que c’était dégueulasse!» clame M. Blain.

Pourtant, très peu a été fait pour corriger le tir, estime-t-il.

«Ce gouvernement-là n’a pas mis en application ce qui devait être fait, a même coupé dans les budgets dans certains cas», argumente le directeur général de l’organisme LUSQ.

Outre les résultats accablants de certains établissements, l’organisme dénonce la volonté de la CAQ de «cacher» ces révélations au public.

«Monsieur Dubé a de bien beaux sourires, mais de l’autre côté, en arrière, il garde bien des affaires», affirme le directeur général, qui a dû effectuer une demande d’accès à l’information pour mettre la main sur ce rapport.

Visites d’urgence réclamées

Certains éléments du rapport donnent froid dans le dos, estime Pierre Blain.

«Ce qu’on lit là-dedans est absolument incroyable [...] Des souris, des drains souillés, de l’eau qui coule sur les plans de travail, des chariots qui ne sont pas suffisamment chauds et pas suffisamment d’eau chaude pour laver la vaisselle des résidents. On est obligé dans certains cas de transporter la nourriture d’un centre à l’autre en taxi», énumère-t-il.

Face à de telles situations, LUSQ demande au ministère de la Santé d’organiser des visites d’urgence exhaustives dans les CHSLD et d’agir rapidement pour offrir des milieux de vie sains aux aînés du Québec.

«Les visites ministérielles ont changé depuis 2023. Et moi, je pense qu’elles ont été changées, donc le format a été changé à la suite de ces visites. Vous aviez des visites qui faisaient à peu près 13 pages. Et là maintenant, les nouvelles visites, le compte-rendu, c’est deux petites pages», estime M. Blain.

Ce dernier souligne que les visites avant 2023 étaient effectuées beaucoup plus en profondeur.

«On allait manger avec les résidents. Donc à partir de ce moment-là, on pouvait avoir une idée, on pouvait savoir comment les gens étaient installés à table, puis quelle était la température des [repas]», explique-t-il.

Le directeur général de LUSQ souhaite que des organismes comme le sien soient impliqués dans les visites ministérielles, afin de s’assurer qu’on fait les choses dans l’intérêt des résidents.

«La qualité de la nourriture fait en sorte aussi que si on ne mange pas, on fait de la dénutrition. Et à partir de ce moment-là, on est plus faible, on peut tomber, on risque des chutes», souligne Pierre Blain.

Lors de son remaniement du 10 septembre dernier, François Legault a nommé Caroline Proulx au poste de ministre responsable des aînés. Celle-ci succède donc à Sonia Bélanger, qui occupait cette fonction depuis mai 2023.

«C’est rendu le troisième ministre des Aînés qu’on va avoir, on a eu deux gestionnaires d’établissements de santé, puis on les a tous tassés. Puis là, maintenant, on met quelqu’un qui ne connaît pas ça», déplore Pierre Blain, qui souhaite toutefois laisser la chance au coureur.

«Je pense que c’est une personne de cœur. Mais il va falloir qu’elle bouge rapidement», conclut-il.

Pour voir l’entrevue complète, visionnez la vidéo ci-haut.