Inde c. Pakistan: 4 clés pour comprendre l’escalade militaire entre les deux puissances nucléaires rivales


Gabriel Ouimet
Le 22 avril, une attaque terroriste a mis le feu aux poudres entre l’Inde et le Pakistan, faisant craindre le déclenchement d’une nouvelle guerre entre les deux puissances nucléaires. 24 heures vous propose un bref retour historique en quatre points pour mieux comprendre la rivalité entre les deux nations voisines.
1. L’attentat qui a mis le feu aux poudres
Le 22 avril, des islamistes armés ont abattu 26 touristes, dont 25 d’origine indienne, dans une zone boisée prisée des randonneurs dans le Cachemire indien, une des régions les plus militarisées de la planète.
L’Inde, qui accuse le Pakistan d’être impliqué dans l’attaque, a promis de répliquer. Elle a annoncé mardi qu’elle allait «couper l’eau» des fleuves qui prennent source sur son territoire et qui coulent jusqu’au Pakistan.
Le gouvernement pakistanais rejette pour sa part les accusations de l'Inde.
Dans ce contexte, de violents bombardements ont fait 26 morts du côté pakistanais et 12 du côté indien, dans la nuit de mardi à mercredi. Jeudi, les deux pays se sont mutuellement accusés d'avoir mené des attaques de drones.
Il s’agit de l’escalade militaire la plus grave entre les deux nations depuis environ 20 ans.

2. Le Cachemire, une région contestée depuis 1947
Le Cachemire est une région himalayenne d’une grande diversité ethnique enclavée entre l’Inde, le Pakistan et la Chine.
L’Inde contrôle plus de 50% du territoire, le Pakistan environ 30% et la Chine 15%.

Avant 1947, le Cachemire était un État princier à majorité musulmane qui faisait partie de l’Inde coloniale. Déjà à cette époque, le territoire était contesté. Les tensions se sont toutefois exacerbées en 1947, l’année où l’éclatement de l’Empire britannique a mené à la création de l’Inde et du Pakistan modernes.
Dans le plan initial de partition, le Cachemire était libre d'adhérer soit à l'Inde ou au Pakistan. Mais faute d’entente, le territoire a fini par être divisé entre les deux pays voisins par la communauté internationale en 1949.
Après la guerre de 1947, une autre a éclaté en 1965 pour le contrôle du territoire. Un conflit armé a aussi eu lieu en 1999.
Chaque fois, les hostilités ont pris fin grâce à des cessez-le-feu réclamés par la communauté internationale.
Aujourd’hui, New Delhi — la capitale indienne — et Islamabad — la capitale pakistanaise — réclament l’entièreté du territoire.
3. Des guerres alimentées par des tensions religieuses
Ce sont pas moins de huit guerres qui ont éclaté entre l’Inde et le Pakistan depuis 1947.
Des tensions religieuses ont joué un rôle dans les revendications territoriales qui ont motivé ces conflits: les populations du Pakistan et du Cachemire sont très majoritairement musulmanes, alors que les Indiens sont surtout hindous.
Dans ce contexte, des groupes d’insurgés armés du Cachemire, considérés comme des organisations terroristes par la communauté internationale, résistent aux pressions de New Delhi en orchestrant des attaques ciblées depuis des décennies.
Leur objectif: unifier le territoire avec le Pakistan ou créer un pays indépendant.
4. Le gouvernement nationaliste indien à l’offensive
En 2019, le gouvernement indien de Narendra Modi a lancé une campagne de répression au Cachemire indien. Il a notamment révoqué le statut spécial qui conférait une certaine autonomie à la région depuis 1949.

Dans la foulée, de nouvelles lois ont permis à des étrangers d’acheter pour la première fois des terres au Cachemire.
L’initiative a été dénoncée par la population locale qui accuse l’Inde de tenter de les déposséder de ses terres et de modifier la démographie musulmane de la région.
Les deux puissances en chiffres
Inde
- Population: 1,438 milliard
- Armée: 1,4 million de soldats actifs
- Budget de la défense: 75 milliards $ US
- Arsenal nucléaire: environ 170 ogives
Pakistan
- Population: 247,5 millions
- Armée: 654 000 soldats actifs
- Budget de la défense: 7,6 milliards $ US
- Arsenal nucléaire : environ 170 ogives
Sources: Global Fire Power Index, Bulletin of the Atomic Scientists
- Avec des informations de l'AFP, Politico et The Guardian