Publicité
L'article provient de TVA Nouvelles
Monde

Incursion à Koursk: l’Ukraine a appris de son échec dans la contre-offensive de juin 2023

Des militaires ukrainiens manœuvrent un char T-72 d'origine soviétique dans la région de Sumy, près de la frontière avec la Russie, le 12 août 2024, en pleine invasion russe de l'Ukraine.
Des militaires ukrainiens manœuvrent un char T-72 d'origine soviétique dans la région de Sumy, près de la frontière avec la Russie, le 12 août 2024, en pleine invasion russe de l'Ukraine. AFP
Partager
Photo portrait de Samuel Roberge

Samuel Roberge

2024-08-12T22:55:44Z
Partager

Il ne fait plus de doute pour différents analystes que l’incursion ukrainienne dans la région frontalière de Koursk, en Russie, est une offensive d’envergure qui n’a absolument rien à envier à la fameuse contre-offensive ukrainienne de juin 2023, qui s’est déroulée sur le front de Zaporijjia (dans le sud de l’Ukraine) et de Bakhmout (dans l’est du pays).

• À lire aussi: Russie: Poutine promet d’«expulser» les forces ukrainiennes de la région de Koursk

• À lire aussi: L’Ukraine dit contrôler 1000 km2 en territoire russe

• À lire aussi: Ukraine: un vice-ministre de l’Énergie arrêté pour corruption

Au septième jour de l’offensive ukrainienne dans le territoire russe, le général Dominique Trinquand affirme que cette attaque, qui a pris le monde par surprise, «n’est pas une diversion, mais une véritable offensive».

«C’est tout l’opposé de l’offensive que nous attendions, il y a un an, qui s’attaquait à des défenses bien établies par les Russes en Ukraine», précise-t-il lors d’une entrevue téléphonique à la radio française Sud Radio. «Là, il s’agit d’une attaque en Russie, où il y a très peu de défenses, donc c’est l’effet de surprise qui joue et qui, pour l’instant, et je dis bien pour l’instant – il faudra voir ce qui se passe dans les jours à venir –, elle n’arrive pas à être contrôlée par les Russes.»

Publicité

Le spécialiste des relations internationales ajoute également que, contrairement aux autres incursions en territoire russe – comme celle menée par des soldats russes pro-Kyïv dans l’oblast de Belgorod en mai 2023 –, cette fois-ci, «les Ukrainiens ont mis les moyens» en envoyant «deux brigades blindées extrêmement bien équipées avec une grosse protection antiaérienne».

Et ce sont des constatations qui vont dans le même sens que celles de l’écrivain et ancien officier militaire Guillaume Ancel.

  • Écoutez l'entrevue avec Pierre St-Cyr, colonel à la retraite des Forces armées canadiennes, au micro de Jean-François Baril via QUB :

L’analyste écrivait dans son blogue Ne pas subir, vendredi dernier, que «les Ukrainiens ont beaucoup appris de leur échec de 2023».

«Ils ont progressé dans le combat inter-armes (qui consiste à combiner chars, artillerie, infanterie, guerre électronique et drones en l’occurrence) et combien ils ont appris de l’échec de leur contre-offensive de 2023 où ils avaient essayé de percer par usure une armée russe qui les attendait de “pied ferme”», a-t-il expliqué.

Publicité
Cette photographie, prise le 12 août 2024, montre un véhicule blindé militaire ukrainien. endommagé tiré par un autre véhicule militaire dans la région de Sumy, près de la frontière avec la Russie, en pleine invasion russe de l'Ukraine.
Cette photographie, prise le 12 août 2024, montre un véhicule blindé militaire ukrainien. endommagé tiré par un autre véhicule militaire dans la région de Sumy, près de la frontière avec la Russie, en pleine invasion russe de l'Ukraine. AFP

La vitesse et la surprise

Dans cette nouvelle offensive dans la région de Koursk, les Ukrainiens ont non seulement surpris les dirigeants et les troupes russes à la frontière, mais aussi les Occidentaux.

«Cette ligne défensive [entre la Russie et l’Ukraine] a surtout été franchie rapidement pour la raison que l’armée russe n’a pas détecté assez vite la tentative d’intrusion», a expliqué M. Ancel. «Les Ukrainiens ont manifestement aveuglé les Russes aussi bien pendant la préparation que lors de leur pénétration sur le territoire russe.»

L’ancien homme militaire a d’ailleurs soulevé que «les forces ukrainiennes qui ont pénétré sur le territoire russe auraient dû être très rapidement bombardées par des avions et hélicoptères qui sont évidemment les plus rapides à intervenir dans ce genre de situation. Mais les Ukrainiens ont emporté suffisamment d’artillerie sol-air, dont des missiles portables de type Stinger, pour les empêcher d’approcher immédiatement (leur portée est de l’ordre de 4 km)».

«Loin d’être confrontée à une simple incursion de la légion des volontaires russes, l’armée de Poutine n’a pris que progressivement conscience de l’importance de cette opération ukrainienne et elle a perdu un temps précieux face à une force bien équipée et manifestement rapide dans ses déplacements», a-t-il ajouté dans son billet.

Lors de l’hiver 2022-2023, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, était parti à la conquête du soutien occidental pour recevoir davantage d’armements dont, en autres, des chars d’assaut aux standards de l’OTAN.

Ces demandes en matériel militaire ont été faites en vue d’une contre-offensive ukrainienne qui visait à libérer les régions occupées par les Russes dans le Donbass, dans le sud du pays et finalement en Crimée.

De nombreux analystes avaient prévu un scénario où l’armée ukrainienne aurait tenté une percée sur le front de Zaporijjia en direction de la mer d’Azov dans le but de couper les troupes russes en deux et en privant le ravitaillement de la Crimée de son pont terrestre.

Néanmoins, les Occidentaux n’ont pas été les seuls à envisager ce scénario: l’armée russe s’est longuement préparée à cette offensive en construisant trois lignes de défense que les Ukrainiens n’ont finalement jamais réussi à percer.

Publicité
Publicité