«Classé secret»: incursion dans l'univers des agents secrets
Guillaume Picard | Agence QMI
Quand on pense aux agents secrets, James Bond nous vient immédiatement en tête. Mais on oublie que des hommes et des femmes sont chargés de la sécurité nationale canadienne et sont peut-être nos voisins. C’est dans cet univers où il faut avoir des nerfs d’acier et ne pas souffrir de paranoïa que l’on plonge dans le nouveau thriller d’espionnage «Classé secret» d’addikTV.
Produite par Duo Productions et réalisée par Stéphan Beaudoin («Chaos», «L’heure bleue»), la série s’intéresse à un couple d’agents secrets formé par Rachel Miller (Mélissa Désormeaux-Poulin) et Émile Darcy (Patrick Labbé), lesquels ont deux enfants. Ils occupent des postes importants au sein des Services de sécurité du Canada (SSC), l’équivalent du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS).
Au début de la série, Miller et Darcy se retrouvent au cœur d’une traque pour débusquer un agent double – un haut placé au sein du SSC – qui serait à la solde de la CIA. Il y a beaucoup d’action, de revirements, d’enjeux psychologiques et de quêtes de pouvoir, et l’équipe a promis mardi, en marge du visionnement des deux premiers épisodes, sur un total de 10, qu’on allait en avoir pour notre argent.
Le téléspectateur va s’amuser à chercher qui est le méchant – ou les méchants – dans cette histoire «complexe, mais pas compliquée», a-t-on aussi promis.
Le temps file et la tension est palpable, car tout le monde est suspect après qu’on découvre que la taupe fournissait des informations sensibles aux Américains. Ça pourrait être le responsable du contre-espionnage Thomassin (Paul Ahmarani), le directeur adjoint McKenna (Andreas Apergis) ou même l’oncle et mentor de Rachel, Philip (Gabriel Arcand).
Rapidement, on demande à Darcy d’enquêter sur sa douce, qui figure aussi parmi les suspects, si bien qu’on en viendra à se demander si l’amour peut survivre à un manque de confiance.
La scène-choc proposée en ouverture nous ramène 15 ans auparavant, quand Miller, retenue captive dans le Caucase, est secourue par Darcy lors d’une opération de sauvetage. C’est leur première rencontre et Rachel demeure traumatisée par cette douloureuse expérience.
Le pouvoir de l’information
Bien sûr, il y a de la filature, des caméras et des micros cachés, ainsi que des ordinateurs dont le contenu est copié en deux temps trois mouvements. Il y a aussi beaucoup de rivalités parmi les grands acteurs du SSC. «Qui veut quoi, et comment il s’organise pour l’avoir?» a souligné Michel D’Astous, en parlant du «pouvoir de l’information».
La réalisation de Stéphan Beaudoin est vitaminée et les intrigues écrites par le mystérieux scénariste François Pagé («Piégés», «Après») – qui a fait croire à sa propre mort –, en collaboration avec M. D’Astous, sont touffues. Les deux hommes pourraient proposer une suite et travaillent aussi sur d’autres projets.
«Je trouvais ça particulier et inusité de raconter cette histoire-là, de voir ces coulisses-là qu’on connaît peu, et surtout de voir comment on pouvait rendre ça vrai, crédible, s’y attacher, c’est quand même un milieu où il y a plusieurs couches», a dit Stéphan Beaudoin, parlant d’un défi d’équilibre.
Longuement retardé, le tournage devait se mettre en branle au printemps 2020, trois semaines après le début de la pandémie. On a par ailleurs changé le scénario pour raconter le parcours de Yasser Chadli (Karim Bourara), l’autre grande enquête de la série. Ce dissident politique pacifiste de l’émirat du Shammar installé à Montréal depuis deux décennies est victime d’une tentative d’attentat devant le consulat américain. Au départ, les agents secrets devaient enquêter sur un groupe d’extrême droite.
Développé en collaboration avec Québecor Contenu, le thriller d’espionnage «Classé secret» est présenté à compter du jeudi 31 mars, à 21h, sur addikTV.
Ils ont dit...
Mélissa Désormeaux-Poulin:
«Je ne pourrais pas être espionne, je l’aime trop mon petit équilibre. Rachel est d’abord une espionne, après c’est une maman et ensuite c’est une blonde, c’est comme ça qu’elle est construite. Et avec ce qu’elle a vécu dans le passé, elle est un peu déconnectée. Le réalisateur m’a dit: "je ne veux jamais que ce personnage ait un sourire. Je ne veux jamais voir ses dents".»
«J’ai eu des cascades à faire, je me suis pété la gueule solide. Ç’a été vraiment le "fun", je suis sortie de ma zone de confort. J’ai appris des trucs, je pourrais être meilleure maintenant pour faire mes cascades, j’ai compris des affaires pour ne pas me faire mal.»
Patrick Labbé:
«Le réalisateur Stéphan Beaudoin m’a amené à me questionner comme acteur sur la pertinence de chaque mot que j’utilisais, sur le silence, sur le rythme. Il y a une grande part de liberté et de spontanéité qu’il laisse à l’interprète, mais il apporte une intelligence à la compréhension du texte.»

















