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Incursion dans l'immense prison où sont enfermés «les psychopathes et les terroristes» du Salvador

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Photo portrait de Gabriel  Ouimet

Gabriel Ouimet

2024-02-20T19:32:48Z
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«Voici les psychopathes, les terroristes, les assassins qui ont endeuillé notre pays»: pour la première fois depuis sa construction l’année dernière, le gouvernement du Salvador a ouvert les portes de sa mégaprison, qualifiée de «trou noir» des droits de l’homme.

Le Centre de confinement du terrorisme (CECOT) est construit au creux d’une vallée à 74 km, au sud-est de la capitale du pays, San Salvador. Il comporte huit bâtiments en béton armé de 6000 mètres carrés, qui comptent tous 32 cellules d'une centaine de mètres carrés. Chaque cellule est équipée de deux lavabos et de deux toilettes, que les prisonniers doivent utiliser devant tout le monde. 

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Le jour, la température peut atteindre plus de 35 degrés Celsius. De puissantes lumières sont allumées en permanence. Les prisonniers mangent avec leur main et sont autorisés à sortir de leur cellule seulement 30 minutes par jour. Ils dorment sur des lits en métal, sans matelas ni oreiller.

Les médias internationaux ont eu accès à la prison pour la première fois, le 6 février dernier. 

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«L’Alcatraz de l’Amérique centrale»

Derrière les barreaux, les prisonniers s’entassent sur les lits superposés et fixent les visiteurs. Ils se ressemblent tous: crâne rasé, habillé de t-shirt et de pantalon blanc, le corps recouvert de tatouages. 

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La plupart des détenus sont soupçonnés d'appartenir au Barrio 18 et au Mara Salvatrucha (MS-13), deux gangs de rue qui ont fait du Salvador l’un des endroits les plus dangereux au monde dans les dernières années. 

Cinq prisonniers du CECOT ont été présentés aux journalistes: des meurtriers et des tueurs à gages. Certains sont condamnés à plus de 269 ans de prison, selon le directeur de la prison, qui refusent d’être identifiés. 

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Officiellement, le gouvernement salvadorien affirme que la prison peut accueillir 40 000 détenus. Difficile toutefois de connaître le nombre exact de prisonniers qui s’y trouvent. «Là où l'on peut mettre 10 personnes, on peut en mettre 20», a indiqué le directeur du centre à la BBC. 

Miguel Sarre, ancien membre du sous-comité des Nations unies pour la prévention de la torture, a décrit l’endroit comme une «fosse de béton et d'acier». 

Rappelant qu’aucun prisonnier n’est encore sorti vivant du CECOT, il avertit que l’endroit semble être utilisé «pour se débarrasser des gens sans appliquer formellement la peine de mort».

De nombreux décès

Cristosal, la principale organisation des droits de l'homme du Salvador, a documenté des cas de torture et plus de 150 décès dans les établissements carcéraux semblables au CECOT depuis en 2022. 

Dans un rapport publié en décembre, Amnistie internationale (AI) a pour sa part accusé les autorités salvadoriennes d'adopter «une politique systématique de torture à l'égard de tous ceux détenus sous l'état d'urgence sous suspicion d'appartenance à un gang». 

Plusieurs prisonniers seraient décédés lors de conflits avec les gardes ou entre eux. 

«Beaucoup d'autres sont le résultat de conditions inhumaines de détention ou du refus de soins médicaux et de médicaments», affirme Amnistie. 

Le gouvernement défend pour sa part sa mégaprison et son plan de réduction de la violence. 

En 2015, le Salvador a enregistré 6657 homicides, le plus haut taux par habitant dans le monde. Il en a recensé seulement 154 en 2023. 

− Avec les informations de BBC, ABC News et AFP

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