[PHOTOS] Avez-vous remarqué cet édifice ultra-écolo et coloré à l’entrée du centre-ville de Montréal par le pont Champlain?
«Le Journal» a visité cet immeuble à logements original au revêtement pensé par l’artiste Marc Séguin.


Louis-Philippe Messier
À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier se déplace surtout à la course, son bureau dans son sac à dos, à l’affût de sujets et de gens fascinants. Il parle à tout le monde et s’intéresse à tous les milieux dans cette chronique urbaine.
En face du monument de grisaille froide qu’est le nouveau Griffintown s’érige un nouvel édifice résidentiel coloré qui présente son côté lune (cercle blanc) aux automobilistes qui arrivent sur le boulevard Robert-Bourassa et son côté terre (cercle bleu) à ceux qui partent... Et la communauté qui vit à l’intérieur est aussi peu banale que son revêtement extérieur.
L’œuvre picturale sur les faces de l’immeuble, appelé Haleco, a été pensée par l’artiste visuel et romancier Marc Séguin.
Elle comprend aussi une façade montrant une louve rouge hurlante attirant un essaim de bonhommes allumettes... car la vocation avouée de l’immeuble est de rassembler.

Certains jugent cet édifice hideux.
«L’immeuble le plus moche de Montréal!» fulmine une de mes connaissances férue de patrimoine.
Au contraire, je me réjouis qu’un immeuble de 21 étages et 327 appartements ose la couleur.
Ce bonbon pour l’œil tranche sur la «quelconqueté» déprimante de la grappe résidentielle du Griffintown voisin.

Sans balcon ou fenêtre
«Nous visons un public assez niché attiré ici par notre certification écologique LEED Platine et par l’aspect communautaire», m’annonce Vanessa Fazioli, la directrice régionale de Cogir Immobilier.

L’ultra-écoénergétisme du lieu implique, notamment, qu’il n’y a pas de balcons et que les fenêtres ne s’ouvrent pas ou à peine.

Il y a un gymnase et une salle de yoga, mais pas de bain à remous ou de sauna – trop énergivores.
Une piscine? Pas assez écolo!
«Il y a un comité pour s’occuper des jardins et un groupe de cyclistes va se former pour des randonnées entre voisins... ce qui n’est pas quelque chose que l’on voit dans tous les grands édifices», assure Mme Fazioli.
Le stationnement souterrain est presque vide. Peu de locataires ont des voitures.
Deux voitures partagées gratuites à utiliser pendant quelques heures sont à la disposition des locataires.

Je compte une centaine de vélos. Il y a un atelier de réparation. Et à côté de l’édifice se trouve une station BIXI très utilisée.
Terrasse spectaculaire
La terrasse commune au quatrième étage est populaire.

On y trouve des barbecues publics et une bonne cinquantaine de places assises avec vue sur l’usine Five Roses, sur tout le Vieux-Montréal et sur le centre-ville.

«Les gens se tiennent davantage ici parce qu’il n’y a pas de balcons solos... et il y a même des gens qui viennent regarder la télé dans la salle publique et jouer au billard avec des voisins», m’apprend Brigitte Pouliot, la directrice des communications.

«J’ai cru à une blague quand on m’a montré un studio neuf tout inclus à 1000$ par mois en plein Vieux-Montréal!» me raconte en riant Michael, un serveur qui travaille à temps partiel et qui a eu la chance de louer un des 66 logements abordables exigés par la Ville (tous loués déjà).

«Je paie 1850$ par mois pour mon 3 et demie et ils sont accueillants pour les animaux», se réjouit Paul Lebrun, un locataire qui paie le prix normal, que je trouve en train de faire marcher son féroce chihuahua Kiki.

«Dans Haleco, un studio coûte normalement 1520$/mois, un 3 1⁄2 1850$/mois et un 4 1⁄2 2600$/mois», précise Mme Fazioli.