Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Santé

Un médecin de famille radié 7 ans pour avoir massé les seins et les fesses d’une jeune patiente

La jeune patiente consultait pour un mal au dos

Photo fournie par FOTOLIA
Partager
Photo portrait de Héloïse Archambault

Héloïse Archambault

2023-09-27T15:30:00Z
Partager

Un médecin de famille de Montréal vient d’écoper d’une sévère radiation de sept ans pour avoir massé les seins et les fesses d’une jeune patiente qui l’avait filmé à son insu durant une consultation pour un mal de dos, l’an dernier.  

Le Dr Alain Élias Samuel Benhamron, médecin depuis 37 ans, vient d’écoper d’une radiation de sept ans, a tranché le conseil de discipline du Collège des médecins du Québec (CMQ), dans une décision rendue le 14 septembre dernier. 

« L’intimé effectue des attouchements injustifiés sur cette patiente, notamment sur ses seins et ses fesses, pendant de longues minutes, sous le prétexte d’un traitement médical », écrit le conseil. 

  • Écoutez l'entrevue avec Paul Brunet, président du Conseil pour la protection des malades à l’émission de Yasmine Abdelfadel via QUB radio :

Douleurs au dos

La patiente de 21 ans, dont l’identité est protégée, avait consulté le Dr Benhamron en mars 2022, pour des douleurs au dos, au cou et au poignet. Lors de ce suivi, le docteur « se comporte de façon inappropriée. Elle ne comprend pas trop la façon qu’il a de la toucher », lit-on dans le jugement. 

Publicité

La femme se convainc toutefois qu’il ne fait que son travail et qu’elle doit s’estimer chanceuse d’avoir un médecin qui fait des suivis, indique le document. 

Or, le 30 mai 2022, le docteur « dépasse les limites avec ses attouchements ».

« La patiente a l’impression que son corps ne lui appartient plus et qu’elle devient son objet. Bouleversée [...] elle passe des nuits blanches à pleurer et à ne rien comprendre de ce qui s’est passé », lit-on. 

Le syndic a même qualifié ces attouchements multiples d’« agressions sexuelles », indique le jugement. 

Le 27 juin 2022, la femme a décidé de filmer la consultation, à l’insu du médecin. « Elle arrive à peine à regarder la vidéo au complet. Elle sent les mains de l’intimé partout sur son corps et se sent abusée par un médecin en qui elle avait confiance », lit-on. 

L’enregistrement envoyé au syndic montre que le docteur a suggéré à la patiente un massage du dos « pour un motif médical ». Elle a accepté et s’est installée sur le ventre. 

Elle enlève sa camisole

Au début, le docteur a alterné « entre le dos, les flancs et les fesses » et a frôlé le sein gauche. Il a ensuite enlevé ses gants, et la patiente a accepté qu’il lui mette de l’huile. Le médecin lui a ensuite demandé d’enlever sa camisole pour ne pas « la salir ». 

Puis, la femme a dû se retourner, et s’est couvert les seins en partie avec sa camisole. Le Dr Benhamron a remis de l’huile. « Il s’attarde sur les seins en les flattant et les empoignant », écrit le conseil. 

Il lui offre ensuite une jaquette pour se couvrir, et la met sur ses seins. Or, il a continué de les masser sous le vêtement. À la fin de la séance, le docteur lui a dit que « c’était une bonne séance de manipulation musculaire ». 

Au total, le massage a duré environ quarante minutes. Rencontré par le syndic en septembre 2022, le docteur a nié avoir touché les fesses et les seins de la patiente de façon volontaire. Il a admis les faits après avoir été confronté à un enregistrement vidéo. 

« Il ment avec aplomb, notamment quant à la durée des attouchements, à la nature des gestes qu’il a posés, au déroulement de la séance et à la façon dont la patiente est vêtue », écrit le conseil. 

Depuis le dépôt de la plainte, en octobre 2022, le docteur s’était engagé volontairement à cesser de pratiquer la médecine. 

Le Dr Benhamron n’avait pas d’antécédent disciplinaire, mais il avait fait l’objet d’une enquête antérieure concernant une allégation d’inconduite sexuelle. La plainte n’avait pas abouti en discipline, mais le syndic avait invité le docteur à « considérer sérieusement et avec autocritique » le témoignage de la patiente. 

Publicité
Publicité