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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Inceste: son père, qui avait fait d’elle une «esclave sexuelle», écope de 14 ans de prison

Le juge a comparé les crimes à un «meurtre sans cadavre»

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Photo portrait de Camille Payant

Camille Payant

2023-11-27T20:30:00Z
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Un homme qui a agressé sexuellement sa fille entre l’âge de 7 ans et sa majorité, au point où elle était devenue son «esclave sexuelle», écope de 14 ans de prison, une peine exemplaire et plus longue que ce que réclamait la poursuite.

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«On compare l’inceste à un meurtre sans cadavre, à un meurtre psychique de la victime. L’inceste est inacceptable, incompréhensible et dégoûtant», a indiqué le juge Serge Cimon lundi matin au palais de justice de Laval. 

Le magistrat a condamné Jean Blais, 62 ans, à 14 ans de prison pour diverses infractions à caractère sexuel sur sa fille Cynthia. 

La victime a demandé que soit levée l’ordonnance de non-publication «pour sensibiliser les gens à parler». 

«Oui, c’est difficile, les procédures pendant cinq ans, mais regardez à la fin ce que ça donne», a-t-elle mentionné à la sortie de l’audience.

  • Écoutez l'entrevue avec Me Brenda Toucado, procureure de la Couronne dans le dossier de Cynthia Blais à l’émission d’Alexandre Dubé via QUB radio :

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Agressions répétées

Entre 2000 et 2011, Cynthia Blais a été «une esclave sexuelle de son géniteur. Il abusera d’elle avec une déconcertante régularité», a illustré le juge Cimon. 

La première agression sexuelle a eu lieu lorsque Cynthia Blais avait seulement 7 ans. 

Vêtue d’une jaquette de Mickey Mouse, elle était étendue sur le sofa, la tête sur les cuisses de son père, en train d’écouter l’émission pour enfant Bob le bricoleur, lorsque ce dernier a commencé à lui faire des attouchements. 

Les gestes se sont reproduits moins d’une semaine plus tard, le soir, dans sa chambre. Puis, ils survenaient une à deux fois par semaine. 

Parfois, son père lui exigeait des attouchements en échange d’une permission, comme aller au restaurant ou dormir chez une amie. 

Il lui disait alors: «J’ai quoi, moi, en retour?»

Lorsqu’elle a soufflé ses dix bougies, la nature des agressions sexuelles s’est aggravée. Celles-ci avaient lieu lorsque sa mère, qui avait un horaire de nuit, était partie travailler. 

Son père lui disait qu’il y aurait des conséquences si elle le dénonçait. Il la menaçait de ne pas pouvoir aller jouer avec ses amis ou de la frapper. 

À 14 ans, les agressions sexuelles survenaient désormais entre quatre et cinq fois par semaine. Parfois, son père lui disait: «T’es ma femme, tu m’appartiens».

L’accusé lui a même proposé d’avoir un enfant avec lui lorsqu’elle avait 16 ans. 

À la suite d’une rencontre avec une professionnelle à son école, la victime «a réalisé que ce qui se passait avec son père n’était pas bien», mentionne-t-on dans la décision sur culpabilité. 

«Elle lui a demandé de cesser. Il a refusé», poursuit-on.

Selon les calculs du tribunal, Cynthia Blais a été agressée sexuellement à au moins 1000 reprises entre les âges de 14 et 18 ans, avant qu’elle quitte le domicile familial. 

«Il a pris ma vie d’avant, mais c’est désormais moi qui vais prendre le contrôle de ma vie. Il n’y a personne qui va me contrôler et me dire: “Tu es obligée de faire ça”», a indiqué Cynthia Blais, désormais âgée de 30 ans, aux médias après l’audience.

Jean Blais continue de nier sa culpabilité et a en a appelé du verdict. Son avocat, Me Mario Lavigne, espérait obtenir seulement cinq ans de pénitencier.

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